Considéré comme l’un des plus grands chefs d’œuvre de Philip K. Dick, Substance Mort est un livre viscéral qui nous plonge dans un univers dérangeant. Plus qu’une critique de la consommation de drogue, c’est plus un état des lieux sur les dégâts qu’elle peut causer. Ce livre est sans doute le plus personnel de son auteur, on le sent à chaque page, à chaque personnage. Il y a quelque chose d’intime dans cette intrigue qui nous plonge dans une paranoïa oppressante. On ne sait plus à qui se fier, on ne sait plus reconnaître la réalité du fantasme. Plus qu’une œuvre d’anticipation, c’est une œuvre intemporelle et percutante. On ne restera pas indifférent devant les éléments de l’intrigue, le réalisme avec lequel cet univers est dépeint, avec lequel le mode de vie des personnages nous paraît si naturel. C’est un témoignage.
L’intrigue peut se résumer assez facilement au final, mais elle n’est qu’un squelette autour duquel Dick va construire son œuvre et l’étoffer d’expériences vécues, d’amis disparus, de délires témoignés. La différence entre réalité et désillusion se floute, d’autant plus lorsqu’on prend conscience de l’évolution du personnage et à quel point celle-ci illustre le mal qui le ronge. La fin laissera un petit goût amer car on se sent piéger par le cours des évènements, mais surtout on prend conscience que la victoire n’est non seulement pas acquise, mais surtout ne sera pas facile. On sent beaucoup de regrets de la part de Dick, de la nostalgie aussi. D’où cette intimité qui se crée avec le lecteur, bien plus qu’avec ses autres ouvrages.
C’est pour cela que je pense que Substance Mort est bien une œuvre à part dans l’œuvre de Dick, car on sent qu’elle lui a demandé beaucoup et qu’il avait besoin de la raconter. Ce qui, par extension, en fait la plus parfaite illustration de son propre univers. À lire !