Récit autobiograph(D)ick.
Ce livre est une plongée sans concession dans le monde de la drogue et des errements de l'être humain. Alors que les Etats-Unis sont une nation ultra-sécurisée, la défonce y est pourtant souveraine. Mais l'herbe, la cocaïne, l’héroïne, la méthamphétamine et autres substances qui vous trouent la tête pire qu'une carabïne ne sont rien en comparaison de la Substance Mort et des ravages qu'elle cause. Fred bosse pour la brigade des stup' et est chargé d'espionner un junkie du nom de Robert Arctor pour remonter la filière menant à la production de substance M(ort).
Sauf que Arctor est Fred.
Il s'espionne lui-même. Ou pas. Ou si ? Fred est perdu, il ne sait plus qui il est. Il ne se reconnaît pas en Arctor quand il visionne les bandes de vidéosurveillance provenant des caméras cachées chez lui. Surtout que Fred est vêtu en permanence d'un "complet brouillé", une tenue qui brouille son image et sa voix aux yeux des autres. Il leur apparaît alors comme une ombre. Ironique pour un homme qui n'est plus que l'ombre de lui-même.
Substance Mort raconte donc la descente aux enfers de Fred. A la fois flic intègre et junkie accro à la drogue la plus dure qui existe. La dichotomie est vraiment intéressante. Surtout que les deux personnages sont attachants à leur manière. Probablement dû au fait que P.K. Dick était non seulement un parano un peu flippé (il prétendait être en communication avec les extraterrestres....) mais a fortiori quelqu'un habitué aux drogues dures. Dans le livre cela se traduit par de longs passages où des camés divaguent sur tout et rien. Passages inutiles mais évocateurs de souvenirs à toute personne qui s'est déjà retourné la tête avec ses potes avant d'élaborer des théories toutes plus farfelues les unes que les autres.
Substance Mort est un livre dur. Dur parce qu'il n'épargne pas ses personnages. Certes c'est une habitude chez Dick de malmener et de torturer psychologiquement les personnages principaux mais force est de constater qu'ici il n'a pas fait dans la demie mesure. Le sujet lui tenait à coeur et ça se ressent. D'ailleurs il nous adresse un petit mot à la fin où il explique qu'il n'y a pas de morale à cette histoire. C'est juste un hommage à toutes ses connaissances et amis de jeunesse abimés et emportés par la drogue. Ce livre est une partie de sa vie et il la partage avec nous.
Plus qu'un bon livre sur la drogue, Substance Mort est définitivement un livre que tous les fans de l'auteur se doivent de lire !