Le deuxième livre de Miguel Bonnefoy, après un Voyage d’Octavio déjà très remarqué, confirme la singularité d’un jeune auteur né à Paris mais d’origine vénézuélienne.
Ces racines sud-américaines expliquent sans doute son ton et son univers très personnels, qui tirent vers le conte, la fable, dans des décors exotiques aux saveurs, senteurs et couleurs puissantes.
Déroulant son intrigue sur plusieurs décennies, Bonnefoy plante des personnages à la fois en quête et en manque – de passion, d’ambition, de reconnaissance, de réussite…
Les figures de femmes y dominent, autoritaires, déterminées, mais aussi rêveuses, vibrantes d’aspiration si difficiles à concrétiser.
Au cœur du récit, ces trésors qui nous obsèdent et peuvent prendre des formes si différentes qu’on ne les reconnaît pas toujours. Il y a l’or, bien sûr, mais aussi l’enfance, l’amour, l’accomplissement de soi.
Avec son idée de bateau pirate planté au sommet des arbres, Sucre noir s’ouvre sur des images inoubliables qui seront suivies de beaucoup d’autres, tant le jeune romancier excelle à partager sensations, paysages, odeurs… mais aussi toute la complexité des sentiments humains.
Les belles idées s’enchaînent, portées par un style soigné, très imagé sans abus d’adjectifs superflus.
Un deuxième roman dont les belles dispositions et le ton rare en littérature française promettent le meilleur à son auteur.