Hostile, la nature
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Perdu dans Jérusalem, embarqué dans un voyage organisé contre son gré, le narrateur du dernier livre de Jean Mattern croit apercevoir la seule et unique femme qu’il a aimée.
Sur les chemins de la tristesse se trouve ce beau livre de Jean Mattern, Suite en do mineur. Dans ce nouveau roman, le chagrin est partie intégrante de la vie du narrateur : la joie semble être un passage éphémère. Pour autant, rien de fatal ou de tragique dans ce roman puisqu’il existe des échappatoires et des divertissements pour sauver Robert Stobetzky.
A 50 ans, Robert se retrouve à Jérusalem. Sans aucune attirance pour les visites guidées prévues, Robert déambule dans cette ville, se maudissant d’avoir accepté le cadeau de son neveu. Le voyage est d’autant plus perturbé lorsque Robert croit apercevoir Madeleine, une femme qu’il a aimée au cours de l’été 1969. Trois semaines courtes, mais trois semaines de bonheur. La rupture se révèle être à la hauteur de la passion qu’il éprouvait pour Madeleine.
La question de la perte irrigue Suite en do mineur. Celle des parents, d’abord, au début de l’adolescence ; puis celle de Madeleine, partie se marier à un bon parti ; puis celle de l’ami, professeur de violoncelle. La solitude a construit la vie de Robert. Seuls le violoncelle, découvert par la Suite en do mineur de Bach entendue sur France musique, et la librairie qu’il tient à Bar-sur-Aube ont pu continuer à donner un sens à l’existence.
Une vie peut contenir des contradictions, autant qu’un pays, remarque le narrateur. Roman de la douleur mais aussi roman de la joie via la nostalgie, Suite en do mineur se lit rapidement, porté par de belles et longues phrases.
« J’étais parfois regardé comme une bête curieuse, une anormalité dont il faut avoir pitié, il n’y a rien de plus difficile que de passer ses vacances sans ressentir à chaque pas le poids d’être célibataire, un peu comme si ma présence en solitaire symbolisait une attaque contre le collectif, contre ces couples et familles qui se retrouvaient, comme si un mélomane seul assistant à un concert fragilisait la jouissance grégaire qui consiste à écourte, à frissonner et à applaudir en masse, les regards et parfois les remarques n’ont pas manqué pendant toutes ces années. »
Créée
le 14 juin 2021
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