Suite française par GrandGousierGuerin
Juin 40 – La France ne se reconnaît plus : les villes ont vomi leurs habitants sur les routes, toute voile dehors en direction du sud. Et la patine de la bourgeoisie ou la couche d’antirouille du prolétaire se mêle à la poussière soulevée par les tanks dans un cocktail explosif. Car on a faim, soif et besoin de dormir : tous à la même enseigne, dénudé de toute éducation ou culture.
Dans une première partie, l’auteur nous brosse différents tableaux de personnages représentatifs des citadins, et même plus particulièrement de parisiens : la famille grande-bourgeoise confite dans la religion, les bonnes mœurs et les bonnes manières, le fils de famille devenu curé persuadé que Dieu lui confie une mission civilisatrice, le banquier magouilleur imbus de sa personne et sa danseuse-maîtresse, un humble couple employé à cette banque et dont le fils parti à la guerre ne donne plus de nouvelle, ce fils donc, le rentier égotiste obnubilé par sa collection de porcelaine … Et j’en oublie sûrement … Certains se croisent, échangent un regard ou quelques mots mais rarement plus. Mais ce voyage est une odyssée qui révèle le meilleur et le pire de chacun …
Dans une seconde partie correspondant au début de l’occupation allemande, la narration se rétrécit géographiquement à un village mais prend bien plus d’ampleur dans le rendu émotionnel des protagonistes, notamment entre les allemands, du simple soldat à l’officier et les femmes. Une palette féminine complète nous ait offerte : de la marie-couche-toi-là à l’incorruptible incarnant l’honneur et la revanche.
Quel terreau riche en intrigues romanesques … Et qui a su donner tous ses fruits dans une écriture mûre, sensible où la critique ne tombe pas dans la facilité du manichéisme. A conseiller donc … Vivement même ! Surtout si on tient compte de l’histoire personnelle de l’auteur et du destin rocambolesque de son manuscrit …