Sukkwan Island par louisa
Dès le départ, on sent que ça va mal finir: le père qui a souffert de la séparation avec la mère essaie de se racheter et d'assumer son rôle paternel en emmenant son fils vivre quelques mois dans le grand nord pour "en faire un homme"...
Le fils l'accompagne en râlant, plus habitué à sa console de jeux qu'à construire des cabanes, faire du feu ou pêcher du saumon. Peu à peu, un équilibre précaire s'établit entre le père et le fils, s'organisant autour des taches du quotidien, mais l'enfant commence à vouloir rentrer et l'homme pleure la nuit sa vie d'avant et sa compagne... La tension du roman s'installe peu à peu quand la folie du père devient apparente, sa souffrance qui se traduit par des comportements bizarres ou dangereux (il part chasser deux jours dans la foret en laissant le gamin seul) est renforcée par son incapacité à avoir une vraie discussion avec son fils. Quand celui-ci veut retourner auprès de sa mère, il se fait traiter de lâche et le père commence ainsi la petite torture psychologique de l'enfant ("si tu veux rentrer c'est que tu ne m'aimes pas, c'est normal je ne suis qu'un loser etc.").
Lorsque le drame survient, comme un vrai élément à la fois perturbateur et en quelque sorte salvateur, on reste choqué. Alors que l'auteur avait instillé cette tension tout au long du roman, on savait qu'elle allait exploser à un moment donné et la fin du livre n'est qu'un atterrissage mouvementé suivant cette explosion...