J'ai pris ce livre en partie plus pour son auteur que pour son résumé. Invité au Quai des Polars 2022 à Lyon, c'était l'occasion d'aller le rencontrer et de le découvrir. Philippe Jaenada c'est aussi cet auteur qui a la réputation d'être accessible, drôle et généreux (ceux qui suivent Le Libraire Caché sur Twitter le savent). Parfois, il vaut mieux ne pas connaître ses idoles, garder une image surannée pour ne pas être déçue, mais pourtant là, la réputation est en deça de la réalité. Et c'est donc avec le sourire aux lèvres que je suis repartie avec Sulak sous le bras, par hasard, car j'aime les figures romantiques des gentlemens cambrioleurs. C'est mon côté Robin des Bois. Etant une enfant des 90', qui n'a rencontré réellement l'Hexagone qu'au moment de son passage à l'euro, cet homme et sa vie m'étaient rigoureusement inconnus. Celui qui est décrit comme un mélange entre Robin des Bois et Arsène Lupin était déjà oublié lorsque j'ai atteints l'âge de m'intéresser à tout ça. Et qui de mieux que Jaenada, cet auteur doué et cet homme gentil, pour parler de Sulak ?
J'ai apprécie que le récit laisse toute place à l'auteur, soit pour des parallèles incongrus, soit pour ses réflexions, soit pour des anecdotes sur sa propres vies lors de l'évocation de dates précises. Cette incursion de l'auteur allège l'effet bibliographique qui pourrait rebuter et amène un peu de subjectif;
Certains disent qu'il est complaisant avec le braqueur, sous le seul prétexte qu'il n'a tué personne (ce qui est en effet le minimum syndical dans une vie en société). L'écriture est en effet amicale, parfois admirative, et honnêtement celleux qui me connaissent savent que ce ne fut pas une frein. La vie, pour des braquages de grandes surfaces, de bijouteries de luxe et des égos blessés, c'est cher payé quand même. Comme l'aurait dit le père de Bruno Sulak "il est mort est c'est bien dommage".
"Quand ça cloche dans le fonctionnement du monde, parfois, un chat se sacrifie pour arranger les choses".
"Nous sommes le cristallisateur de notre société. L'illusion qu'elle a de notre existence suffit à l'absoudre"