Sur le long chemin de la Philosophie, il est un poète qui se tient non loin du point de départ. C'est Parménide. Au carrefour de maintes influences (Homère, Xénophane, les pythagoriciens...), ce voyageur de l'être stipule que le non-être ne peut exister. De cette tautologie par laquelle il fallait bien passer ("Ce qui est est"), nait ainsi le sentier de l'ontologie, une nouvelle aventure de l'esprit.
Le chemin proposé est constellé de nids de poules. Texte fragmentaire, perte inconsolable, mais beauté mystérieuse des ruines qui créent des mondes dans nos rêves. Sur la Nature de Parménide est un indispensable, à lire et à relire à la recherche des contours sphériques de l'Un qui toujours se dérobent. Car la Vérité est voilée par nos "opinions" (doxa), c'est à dire notre interprétation subjective de la réalité, nos illusions. La Mâyâ de l'Hindouisme n'a jamais été aussi proche.
La deuxième partie du poème de Parménide s'attarde ainsi sur la meilleure opinion à nourrir, le plus sûr itinéraire à suivre dans le labyrinthe du paraitre. Faudrait-il donc se préoccuper du devenir alors même que Parménide nie tout changement de l’Être, s'attirant du même coup les foudres futures d'Aristote, explorateur du changement ?
Le but ultime de Parménide ne semble pas devoir être dévoilé un jour. Plusieurs pistes, plusieurs interprétations en suspension éternelle avec, toutefois, cette certitude d'une présence d'une stabilité et d'une temporalité suprêmes vers laquelle chemine, sans même le savoir, la création tout entière.