Kerouac nous livre ici le cri d'une génération, frustrée par la société de consommation, ayant soif de grands espaces, de liberté inconditionnelle, d'expériences nouvelles, et surtout, surtout de voyages.
Le livre, écrit d'une seule traite, sur un parchemin unique, pourrait sembler n'être qu'une grande fuite en avant, tant à travers son écriture qu'à travers l'histoire qu'il raconte. Mais il ne s'agit pas ici que de se consumer et de disparaitre, mais bien d'atteindre une certaine forme d'éternité, de nirvana, renvoyant à la culture bouddhiste de Kerouac (beaucoup plus perceptible dans "Les clochards célestes"), et ce à travers la volonté de contempler le monde dans son ensemble, dans sa complexité autant que dans sa simplicité.
D'un point de vue purement formel, le récit est structuré en plusieurs parties, chacune retraçant un voyage, souvent de l'est des Etats Unis à l'ouest, ou l'inverse, ces allers retours trahissant la folie du personnage de Dean, ainsi que les instants d'errance de nos deux personnages. Masi ce qui est beau chez Kerouac, c'est bien ces instants d'errance, cette perte de soi-même, ressentie à chaque instant du texte.
Pour conclure, ce seul extrait rend l'ensemble de l'intensité et du génie (ou serait-ce de la folie ?) de l'auteur et de ses personnages : " because the only people for me are the mad ones, the ones who are mad to live, mad to talk, mad to be saved, desirous of everything at the same time, the ones who never yawn or say a commonplace thing, but burn, burn, burn like fabulous yellow roman candles exploding like spiders across the stars and in the middle you see the blue centerlight pop and everybody goes "Awww!""