Retour de lecture sur "Sur la route de Madison" un très court roman de Robert James Waller publié aux Etats-Unis en 1992 et adapté au cinéma peu de temps après par Clint Eastwood. C'est l'histoire d'une fermière mariée de l'Iowa qui, pendant l'absence de sa famille, rencontre un écrivain-photographe du National Geographic qui réalise un reportage sur les ponts couverts de sa région. Il s'ensuit une courte histoire d'amour passionnelle, sur quatre jours, qui va bouleverser toute leur vie. L'intérêt de cette lecture me paraissait limité ayant vu le film, mais finalement la magie que l'on peut trouver dans celui-ci opère également dans le roman. Cela même si, sur la forme, le roman n'apporte pas forcément un plus. Je trouve que les sentiments qui traversent les deux protagonistes lors de leurs rencontres sont beaucoup trop détaillés par Waller, cela avec une écriture très simple, sans grande émotion. Chaque geste est analysé et surtout interprété dans le roman, tout est passé au scanner, cela enlève beaucoup à la spontanéité et fluidité des scènes. Dans le film, tout cela est beaucoup plus diffus grâce à l'excellente mise en scène d'Eastwood. Il y a un gros travail sur l'aspect esthétique, les gestes et les regards se suffisent à eux même. D'autre part, le portrait de Kincaid, le photographe, est un peu caricatural dans le roman, j'ai eu un peu du mal avec ce chaman, musclé, écolo, musicien et artiste, un peu imbu de sa personne, qui sait tout faire, a tous les talents. Là encore le personnage du film est beaucoup plus modeste, avec un Eastwood vieillissant, et me semble bien plus crédible. Tout cela étant dit, le roman, qui est loin d'une bluette insipide, monte en puissance dans sa deuxième moitié, et on est très vite emporté par l'aspect passionnel de cette histoire. Les déclarations des deux protagonistes à travers leurs lettres sont particulièrement émouvantes et touchantes. Rajouté à cela, le dénouement triste de cette histoire, les regrets de cette femme, on sort finalement bien secoué par cette lecture. le roman, par rapport au film, permet d'aborder plein d'aspects de cette histoire de manière plus profonde et subtile ce qui compense les limites citées plus haut. Au final, un très beau roman qui parle des actes manqués et de l'importance des choix qui sont à faire. Pour une fois, égalité parfaite entre le film et le roman, à vous de choisir, ou pas.