Un peu d'impatience devant un libre qui ne laisse pas de marbre

Lu d'une traite, et pour cause, c'est un livre court, essentiellement composé de dialogues - soliloque - entre une femme et son mari dans le coma. Si j'ai été impliqué dans le déroulé de l'histoire, c'est moins pour l'écriture ou l'histoire que pour le contexte dans lequel elle s'inscrit, à savoir un contexte de huis-clos au coeur d'une guerre civile.

Car l'écriture déçoit largement. Le propos et l'idée de départ ont quelque chose de magique, de symbolique, qui est complètement annulé par une langue triviale, basique, hâchée. L'emploi du discours direct est ce qui, à mon sens, pénalise le livre. L'écriture est d'autant plus belle, car grande, que dans les moments de narration (mais ils sont trop rares : la poésie dans la répétition de la description du rideau de ciel jaune et bleu et de ses oiseau migrateurs, le conte raconté par le beau-père...)

Et l'histoire quant à elle, dérive complètement. On comprend l'idée de l'auteur d'assimiler l'affabulation à une forme de dérive du personnage de la femme. Mais c'est didactique, on nous l'impose. Et là encore, la façon de l'écrire est en cause : quand le personnage semble s'émanciper en disant enfin les vérités à son mari dans le coma, avouant ses secrets et ses colères, on est trop vite repoussé par ce même personnage qui dit, grosso modo : "mais qu'est-ce qu'il m'arrive pour dire des choses pareilles ?". Et ce procédé est répliqué une dizaine de fois dans le livre. Ça n'a que peu d'intérêt, ça enferme le personnage dans un carcan, et nous lecteur, dans un effet boule-de-neige qui ne prend pas.

Alors oui, ça reste plaisant à lire. Mais pas d'avalanche émotionnelle ou littéraire.