Ce court roman épistolaire traite du sujet délicat et souvent douloureux de l'adoption et de la quête de racines. Anne a accouché sous X alors qu'adolescente, elle s'était découverte enceinte d'un flirt de vacances. Elle-même n'a pas connu sa mère dont elle a été séparée à l'âge de trois ans. En faisant alors sans trop y réfléchir ce qui lui semblait le choix le plus évident - confier son enfant à l'adoption -, elle n'avait pas réalisé que le passé la rattraperait et que sa décision aurait des conséquences sur l'équilibre et le psychisme de sa fille devenue adulte.
Le sujet est abordé avec doigté mais l'émotion est trop ténue, à peine perceptible à travers ces quelques lettres (moins de 100 pages) et autant le lyrisme d'Anne dans ses lettres à sa fille et celui de Colette, la mère adoptive, m'ont semblé crédibles, autant celui de Stéphanie, l'enfant adoptée qui a désormais vingt ans, m'a semblé presque risible ; une jeune femme n'emploie pas ce vocabulaire et de telles tournures de phrases pleine d'emphase. L'absence de changement de style entre les différents épistoliers nuit au récit et révèle la fiction davantage que le témoignage.
Je ne sais pas si j'ai choisi de lire ce livre sur le lien mère-fille parce que je viens de perdre ma mère partie trop tôt - comme nous sommes en octobre, je me permets de rappeler qu'on peut mourir d'un cancer du sein, ce fut hélas son cas, à 68 ans - mais je n'y ai pas trouvé la force dudit lien.
J'ai moi-même été tentée d'adopter pendant des années et je n'éprouve pas de regret de ne pas l'avoir fait. Ce bref roman m'a confortée dans ce choix de vie capital. Bien sûr, toutes les existences sont différentes et selon les situations, bien des foyers adoptifs ont reçu et offert le bonheur d'une vie de famille ; mais la quête de racines reste l'épine sur la rose, celle qui pique et écorche quand on s'y attend le moins.