Tancrède par Nanash

A l’occasion d’une sympathique promotion estivale, une nouvelle uchronie se retrouve sur ma table de chevet (c'est plus romantique que la réalité, en fait c’est en ebook dans le TER). "Tancrède" change la face de la première croisade, n’étant pas pointu sur l’histoire et encore moins sur les croisades, le jeu a été pour moi de trouver l’évènement uchronique.

Parti du siège de Naples, une troupe Normande décide de répondre à l’appel du pape du moment (non je ne sais plus lequel est-ce, ni ce qu’ils faisaient là-bas) en partant libérer Jérusalem des infidèles. En route vers le Moyen-Orient, les croisés joueront le jeu d’Alexis Comnène empereur Byzantin souhaitant profiter de l’occasion pour remettre la main sur l’Est du pourtour méditerranéen. Inutile de le dire, mais ce roman m’a rappelé à chaque page la nullité crasse de mes connaissances historiques.

Nous suivrons Tancrède de Hauteville, prince Normand et figure guerrière de l’ost de son oncle. Depuis les premières concessions politiques jusqu’aux premiers massacres de Musulmans, Tancrède ne supporte plus la duplicité des croisés et s’interroge sur leurs motivations réelles. Entre goût pour la guerre et enrichissement personnel, les seigneurs de l’Ouest semblent moins soldats de la Chrétienté qu’envahisseurs sanguinaires.

C’est là que se réside le fait uchronique, bien qu’il semble que le personnage de Tancrède ait réellement existé, notre héros gorgé de mysticisme se détourne de la brutalité des croisés pour embrasser l’Islam. Par des rebondissements que je ne dévoilerai pas, sa nouvelle mission sera l’unification des différentes tendances des peuples musulmans. Car si l’Europe occidentale est très morcelée au début du premier millénaire, c’est peu dire du Moyen-Orient. Turcs Seldjoukides, Egyptiens Fatimides, Perses Chiites ou encore Ismaéliens d’Alamut, c’est une mosaïque complexe et affaiblie qui ne peut s’opposer à la croisade.

Le récit se base sur bien des connaissances historiques et donne une bonne vision d’une désorganisation toujours actuelle. Mais à partir de sa moitié, il s’émancipe des évènements réels pour altérer l’Histoire. Tancrède disposera d’un niveau technologique immensément supérieur aux Européens grâce à ses canons pneumatiques développés à Alexandrie.

Très intéressant dans son approche de la première croisade, Tancrède (le roman) n’échappe pas à la confusion, s’il est complexe de faire le tri entre les seigneurs chrétiens, Godefroy de Bouillon, Bohémond de Tarente, Baudouin, Baudouin II (bah oui évidemment) et toutes leurs troupes, la seconde partie vire au cauchemar. N’étant pas du tout habitué aux noms du Moyen-Orient, j’ai rapidement été bien incapable de savoir si un personnage venait de Bagdad, d’Egypte, de Damas ou d’ailleurs et si je ne le confondais pas avec un autre. Car Tancrède (le héros) puis Ibn Tancrède rencontre des dizaines de responsables politiques pendant tout le roman.

Enrichissant et bien mené bien qu’un peu confus il vaut mieux avoir un appétit pour l’histoire pour se lancer: 7/10