J'ai rarement autant souffert pour finir un roman de gare. A côté de Tantras, les raccourcis et descriptions sommaires de Moorcock sont des tours virtuoses. Personnages en carton aux répliques robotiques ou hallucinées, motivations confuses, déséquilibrées et changeantes, descriptions répétitives qui ne se donnent même pas la peine de recycler quelques clichés qui fonctionnent et surtout intrigue bidon rendue illisible par un rythme calibré à la hache. Je comprends pourquoi le contexte de Royaumes Oubliés m'a longtemps rebuté avant de redécouvrir Baldur's Gate et les suppléments de jeu de rôle : la high fantasy de Richard Awlinson est complètement bâclée avec ses dieux déchus géants machiavéliques mais totalement à la ramasse, et ses héros insipides comme des figs en plomb pas encore peintes dont on ne comprend jamais pourquoi ils représentent le moindre intérêt dans ce gourbi en permanence traversé "d'éclairs ambrés et azurés".
Le seul truc à garder est que les événements des bouquins s'insèrent dans la chronologie officielle. Il suffit de garder en tête : les Tablettes du Destin ont été volés et les dieux, dont certains sont coupables, ont été punis, condamnés à s'incarner ici-bas.
Et une bande de branques flagellés par leur créateur sont artificiellement poussés à s'intéresser à cette affaire là où Gandalfminster aurait pu tout plier tout seul...
La vache, il reste Eau Profonde pour terminer la trilogie. Vivement les aventures de Drizzt Do'Urden, ça semble voler plus haut.