J'aurai du publier cette critique il y a bien longtemps, mais ça n'avait pas fini de me gratter.

A l'image de son enquête, Temps glaciaires est une immense pelote d'algues.

Je lis très peu de polars. Je trouve toujours qui est l'assassin avant le dénouement final, ce qui me gâche complètement le plaisir de la lecture, sauf avec Fred Vargas. Elle seule parvient à m'emporter dans les méandres de son imagination, jusqu'à ce que j'y perde, et que j'oublie qui a tué, comment et pourquoi.

Les intrigues de l'auteur se caractérisent toujours ainsi : soit les faits sont trop peu nombreux, sans liens apparents ; soit l'inverse. Quoiqu'il en soit, l'enquête finit toujours par piétiner.

Temps glaciaires appartient à cette dernière catégorie. Oscillant sans cesse entre l'Islande et Paris, basculant de l'auberge pittoresque du Creux aux tourments de la Convention du XVIII° siècle, le lecteur est submergé d'informations, dont chacune pointe dans des directions opposées. Les suspects ne manquent pas, et pourtant, rien ne semble coller. Les meurtres viennent à en être dénués de tout sens. Adamsberg, le héros fétiche de Vargas, finit par se retrouver complètement perdu. A ce stade de l'intrigue, je l'étais déjà depuis longtemps. Cela faisait même une centaine de pages que j'attendais de voir quelle tournure les éléments allaient prendre.

Et enfin, dans les 100 dernières pages du livre, tout se résout ! Adamsberg bondit de son fauteuil, saute dans sa voiture, et laisse le lecteur abasourdi, n'y comprenant décidément plus rien. Cette fin, trop rapide, pour ne pas dire bâclée, est à mon avis le plus gros point faible du livre. Mais elle a l'avantage de nous surprendre, ce qui n'aurait probablement pas été le cas si (attention spoiler)...

Cependant, si la fin est un poil trop précipitée à mon goût, Fred Vargas a pris son temps pour écrire, et cela se ressent. Le reste du livre s'épanouit parfaitement, sur fond de crise interne, de tensions psychologiques, et de complot. Le lecteur se met à suspecter tout le monde, ne faisant plus confiance à aucun personnage. Les dialogues sont intelligents, bien menés. L'atmosphère est saisissante, quel que soit le lieu de l'action. L'écriture est fluide et cueille sans mal le lecteur.

Malgré sa conclusion, qui sera peut-être décevante pour certains, je recommande ce livre. J'ai été heureuse de retrouver Fred Vargas et son univers.