Tendre est la nuit, le quatrième roman de Francis Scott Fitzgerald, est composé de trois parties. Dans la première, l'auteur narre la rencontre de Rosemary, starlette hollywoodienne en villégiature sur la Côte d'Azur au côté de sa mère, avec Nicole et Dick, couple richissime – Dick est un éminent médecin aliéniste et Nicole une héritière à l'abri du besoin – et mondain. Envoûtée par le charme et le charisme du praticien, la jeune femme ne tardera pas à en tomber amoureuse. Mais le brillant médecin étant marié et semblant lié à son épouse par un lien quasiment mystique, cet amour, s'il doit être consommé, devra l'être à l'abri des regards ; d'autant plus que le couple semble cacher un terrible secret.
La seconde partie se situe en grande partie avant les événements déroulés dans la première et relate la rencontre entre Dick et Nicole. Le secret du couple y est dévoilé, les sentiments forts liant les époux décortiqués, avant que le récit ne revienne prendre place, de manière un peu abrupte car sans réels repères temporels, après les faits rapportés dans la première partie. Rosemary est absente de cette portion de l'histoire.
Le roman trouve son épilogue dans la troisième partie, suite directe des événements survenus à la fin de la deuxième. L'action se situe cinq ans après la rencontre du couple et de Rosemary, personnage qui est réintroduit dans le récit pour l'occasion. On y suit l'évolution du couple formé par Dick et Nicole à la lumière de ce qui a été révélé dans la seconde partie.
Tendre est la nuit est pour moi un roman inégal qui ne mérite pas son statut de "classique" car, si les deux dernières parties du récit sont brillantes et m'ont tenu en haleine de bout en bout, la première est, soyons honnête, d'un ennui crasse ; ce qui s'y passe est banal et seul le cliffhanger de clôture est intéressant. De plus, l'absence de repères temporels dans la seconde partie, au reste passionnante, fait que l'on a du mal à se situer dans le temps, ce qui est un peu gênant.
Alors oui, le côté autobiographique de l’œuvre lui confère une aura particulière et l'indéniable aspect exutoire pour son auteur en font un récit poignant à bien des égards ; alors oui, la plume de Francis Scott Fitzgerald, portée par ses tourments sentimentaux et la maladie de sa femme, transpire l'humanité et accouche d'une prose sublime. Cependant, cette première partie ennuyeuse – j'ai dû lutter pour ne pas abandonner – est un réel point faible quant à la qualité globale du roman. Mais malgré tout, cela vaut le coup de s'accrocher, le reste du récit étant un régal.