Si tu pensais que le 93, c’était juste un décor pour les reportages télé anxiogènes, Territoires d’Olivier Norek est là pour te rappeler que la fiction peut parfois être plus réaliste que les gros titres des journaux… et bien plus addictive.
On retrouve Victor Coste, capitaine de police aussi tenace que fatigué, qui se retrouve plongé dans une guerre de succession entre trafiquants, avec des exécutions propres et chirurgicales, comme si les gangs avaient embauché des consultants en gestion des ressources humaines. Mais ce n’est pas juste un règlement de comptes classique : derrière les coups de feu, il y a des manipulations politiques, des arrangements douteux, et une tension qui grimpe sans jamais redescendre.
Là où Olivier Norek frappe fort, c’est dans son réalisme glaçant. Lui-même ancien flic, il ne nous sert pas une vision fantasmée de la police, mais un polar brut, nerveux, où le quotidien des flics n’a rien de glamour. Les dialogues claquent, les scènes s’enchaînent sans temps mort, et on sent à chaque page que la ligne entre justice et magouilles est aussi fine qu’un fil de rasoir.
Le gros point fort ? C’est efficace, tendu, sans fioritures inutiles. L’écriture est sèche, percutante, et chaque chapitre file à toute allure. Le décor des cités est bien plus qu’un simple arrière-plan : c’est un territoire sous tension, où tout le monde joue une partie dangereuse.
Le hic ? C’est ultra-maîtrisé, mais ça manque parfois d’un petit supplément d’âme. Le rythme est tellement efficace qu’on aimerait parfois souffler un peu, creuser plus certains personnages secondaires qui mériteraient plus de place.
Bref, Territoires, c’est un polar urbain sous haute tension, un roman qui sent le bitume, l’adrénaline et la rage contenue. Si tu cherches un thriller qui ne lâche jamais sa proie, fonce. Norek ne fait pas dans la dentelle, mais quand il vise, il ne rate pas sa cible.