Un roman somptueux et qui m'a tout à la fois rappelé Hawthorne et Le Moine d'Artaud de par ses évocations magiciennes de l'amour et de la campagne ; j'ai vu qu'Hardy était considéré comme un naturaliste mais ses descriptions et personnages sont tellement poétiques - mythologiques ? - et à la limite de la féérie que j'aurais plutôt tendance à dire qu'il s'agit là d'un conte transposé à l'époque moderne. Tess est l'une des plus belles figures romanesques féminines qu'il m'a été donné de rencontrer - est-ce parce qu'elle ne l'est pas tant que ça, féminine ? Je veux dire dans le sens où l'auteur échappe un peu à son siècle en ne perdant pas trop de temps à la stéréotyper comme telle.
Cela faisait bien longtemps que je n'avais pas lu un roman si grave, intelligent, austère, humaniste, un tel hymne à la nature... Je pensais que pour que de telles caractéristiques soient réunies, il fallait se tourner du côté des grands américains (j'ai pensé à Melville aussi), et vraisemblablement j'avais tort.