Maintenant que je débute la seconde partie de la saga, j'ai déjà été très élogieux quant au travail fourni par Steven Erikson. Or je pense que "The Bonehunters" est mon favori de la série principale jusqu'à présent. Il est d'une épaisseur remarquable (1200 pages, ou 365 000 mots) et avait pour lourde tâche de rassembler maintes intrigues introduites dans les tomes précédents (les guerres des Malazéens contre les rebelles dans le tome 4 et le conflit entre Lether et les Tiste Edur dans le tome5 notamment). En conséquence, il se targue d'encore plus de points de vue et gagne une complexité pourtant bien présente.
Ce tome m'a apparu comme une juteuse récompense pour la fidélité des lecteurs. Il est savoureux de voir ces nombreux personnages, autrefois séparés, interagir entre eux, que ce soit en tant qu'amis ou ennemis. À cela s'ajoutent encore d'autres personnages puisque sont posées les fondations de l'histoire des prochains tomes, où s'entremêlent des volontés divines de plus en plus présentes.
Ce qui m'a marqué à ma lecture, c'est que même si moult détails m'ont échappé, les intrigues sont une nouvelle fois passionnantes. Tant de pages impliquent quelques temps morts, mais l'auteur les utilise justement pour développer ses personnages, et leur donner des traits uniques. Au-delà des tragédies que beaucoup endurent, une place importante est accordé à l'humour, qui aide énormément à l'humour. Ainsi les séquences de souffrance et de morts, inévitables dans ce récit, en deviennent d'autant plus poignantes.
The Bonehunters évite d'ailleurs de s'engouffrer dans un schéma trop prévisible : par exemple, une bataille épique se déroule au premier tiers du roman alors que d'ordinaire elles les achèvent. Le reste du récit sert donc à montrer les conséquences de cette bataille chez les survivants mais aussi à déplacer les pions en vue de la suite. Par conséquent, certaines intrigues ne convergent que vers les dernières parties du roman, où s'enchaînent aussi les climax. Nous apprenons à mieux connaître les Malazéens (sachant que l'histoire est centrée sur eux) tout comme ces peuples jugés plus "secondaires" et malgré tout indispensables au déroulement. Que ces nombreux conflits soient internes ou externes, il est parfois difficile de voir des personnages que j'apprécie s'affronter, car là où le manichéisme est évité, chacun lutte pour une cause jugée juste.
Par ailleurs, après six tomes, des figures continuent d'émerger parmi ces personnages variés. Apsalar, autrefois possédée par un Dieu Assassin, désormais une jeune fille marquée par de lourds événements. Kalam Melkhar, l'assassin badass qui ne sait où placer sa loyauté. Quick Ben, le mage de confiance en qui reposent de nombreux destins. Lostara Yil et Pearl, un duo souvent écarté du reste, pourtant déclencheurs de nombreux rebondissements , et amenés à rejoindre autrui dans des circonstances particulières.. Ganoes Paran, frère de Felisin et Tavore, meneur malgré lui, trop "bon" pour ce monde cruel. Même des personnages secondaires m'auront marqué par leurs particularités : c'est notamment le cas de la sergente Hellian, une soldate qui se réfugie dans l'alcoolisme par peur des araignées...
e n'affirmerai sans doute rien d'inédit en affirmant que Malazan continue de rassembler ces ingrédients si chers à mon appréciation de la fantasy. Plus l'univers se dévoile et plus je meurs d'envie d'en savoir davantage. Plus les personnages s'expriment et plus j'apprécie le parcours. Je recommande donc cette saga, fût-elle complexe, à tout fan de fantasy !