Like a God in Chains
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le 20 nov. 2016
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2020 aura été une année au mieux confuse, au pire catastrophique pour tout un chacun. Comment s’échapper de cette réalité tourmentée ? Ma solution aura été de me plonger dans un univers fantasy où les souffrances n’épargnent guère ses très nombreux personnages : Malazan, de Steven Erikson, une épopée que j’aurai savouré en plusieurs mois, et que je relirai sans hésitation chacune.
The Crippled God endossait une lourde responsabilité : il ne s’agissait pas seulement de la suite Dust of Dreams, achevé en un haletant cliffhanger, mais aussi d’une saga entière de dix tomes dont la vaste majorité excédait le millier de pages. Et on termine presque là où tout a commencé : en suivant l’opiniâtre armée malazéenne, lors d’un ultime baroud d’honneur, face à un ennemi plus puissant que jamais. Car dans cet immense monde partagé entre plusieurs races, quoique dominée par les humains, il en existait forcément une désireuse de les « purifier » afin de repartir sur de « bonnes » bases.
Comme je l’avais déjà souligné, la saga Malazan contient les ingrédients classiques de la fantasy mais maîtrisés à la perfection, avec une volonté certaine de « briser » certains de ses codes. Steven Erikson a toujours assumé sa narration « éclatée », où des points de vue peuvent s’alterner toutes les demi-pages, où les noms des races, des lieux ou des personnages peuvent être difficiles à retenir. Ici repose toute la saveur de cette fable. Ici s’intensifient le tragique et le passionnant lorsque point la nécessité de conclure les arcs narratifs de tant de figures iconiques de cette saga. Dans « The Crippled God », les anciennes races tentent de montrer qu’elles ne sont pas que poussière, ces individus isolés s’entremêlent dans des confrontations desquels tous ne pourront pas témoigner à leur aboutissement. Un trône d’une cité perdue à récupérer ? Un insurmontable désert à traverser ? Des vies à secourir, tout simplement ? Cet ultime tome narre tout cela d’une plume de maître, toujours avec le lyrisme inégalé de son auteur désireux de s’améliorer à chaque itération.
Malazan, plus que tout autre de mes lectures fantasy, peut être qualifiée dans une certaine mesure de « fantasy militaire ». Bien sûr que de centaines de personnages ne rentrent pas dans ces critères, mais le récit s’attarde beaucoup sur ces nombreux soldats à qui il donne un visage particulièrement humain, même lorsqu’ils ignorent ce pourquoi ils bataillent. Le fait que l’armée soit mixte m’a probablement aidé à m’attacher à eux. Lostara Yil, Keneb, Blistig, Pores, Faradan Sort, Keneb, Kindly, Hellian, Bottle, Smiles, Tarr, Cuttle, Corabb, Masan Gilani, Kisswhere, Sinter, Urb et tant d’autres constituent probablement une succession trop grande de noms, mais Steven Erikson était attaché à chacun d’eux, et a souhaité leur donner une voix chaque fois qu’il l’estimait nécessaire. Quand le paysage se teintait de gris, quand les flammes montaient jusqu’au ciel, ils se dressaient, frissonnant, prêts à se sacrifier, mais exprimant leurs regrets.
Et comment pourrais-je oublier leur commandante ? Tavore Paran a été une personne discrète tout le long de la saga, si bien qu’il m’a fallu beaucoup de temps pour lui accorder l’attention qu’elle méritait. En dépit d’une pléthore de personnages aux rôles plus proéminents, je pense que cette « Adjunct » est peut-être le personnage principal « secret » de cette saga. Derrière son faciès de marbre, elle est la « mère » de cette armée, qui se relève nonobstant toutes les tragédies qu’elle subit. Son obstination tout comme son cœur sont immortels et j’affirme sans hésiter qu’elle est désormais un de mes personnages préférés du genre fantasy.
Un lourd fardeau à porter, donc. N’incarne-t-elle pas toute la symbolique de cette fin ? En ce qui me concerne, après m’être immergée dans ces tirades lyriques, ces trahisons, ces batailles épiques, ces morts émouvantes, je suis pleinement satisfait de cette fin. Malazan est devenu une de mes sagas favorites et je ne peux que saluer le travail immense accompli pour parfaire cette œuvre.
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Créée
le 31 déc. 2020
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