Après la claque que fut le premier tome, ce second m’a paru un peu inférieur en comparaison. Je n’en suis pas ressorti conquis ni retourné. Néanmoins, il faut le reconnaître : c’est encore une fois une très belle réussite de la plume de Rebecca F. Kuang.
Ici, de nouveau, fantasy militaire et politique sont mélangées pour un récit truffé de trahisons et de rebondissements. De superbes et déchirantes batailles entrecoupées de stratégies et de querelles rythment un récit au cours duquel les pires machinations sont à l’œuvre. À ce niveau, il s’agit d’une continuité somme toute cohérente avec le précédent roman.
L’élargissement de l’univers s’effectue par l’introduction des « Hesperians ». Là où l’Empire Ninkara et la Fédération de Mugen représentaient indubitablement des versions fantasy de la Chine et du Japon, eux incarnent des personnages typés européens, et plus précisément leur puissance coloniale. Évidemment, ils en prennent aussi pour leur grade. C’est surtout au travers de la scientifique Petra que l’on appréhende les travers de leur idéologie. Leur racisme se pare d’une pseudo-science censée justifier les horreurs de leur colonialisme et impérialisme. L’on pourrait dire alors que les thèmes et parallèles manquent de subtilité. Et alors ? Toute fiction n’a pas besoin de l’être tant que le message est maîtrisé, et c’est bien le cas ici, puisque le problème vient de l’idéologie et des dérives du pouvoir, qu’ils viennent de Mugen, de Ninkara ou de Hesperia.
L’on retrouve aussi les personnages là où on les a laissés. J’admets que Rin m’a moins plu dans ce tome. Certes ses défauts aident à la rendre plus crédible, mais elle manquait par moments de sympathie et de maturité, comme si les épreuves du tome 1 l’avaient modelée d’une étrange façon. Ce tome constitue aussi l’opportunité de mieux connaître certains personnages, et ils impressionnent rien que par leur concept. Moag, une reine pirate. Vaisra, fier guerrier républicain. Nezha, son fils au poignant background. Mais surtout, l’impératrice Su Daji dévoile un visage inédit, se targue d’une complexité réduisant le manichéisme de l’œuvre.
Je pense que The Poppy War s’inscrira comme une des meilleures trilogies de fantasy moderne. J’aurais voulu l’apprécier autant que le premier tome, mais il accomplit son rôle à merveille.