Voici un roman qui n'est pas sans rappeler La route de Cormack McCarthy.
Le récit se déroule au Royaume-Uni, après qu'une pluie de météorite ait percuté la Terre et détruit la majeure partie des villes du globe. C'est du moins ce qu'on peut supposer puisqu'une fois le cataclysme passé, le Royaume-Uni dévasté semble bien seul pour gérer la crise. Il est d'ailleurs inexact de parler de gestion de crise puisque les survivants sont livrés à eux-même...
Dans ce pays ravagé (aucune agglomération ne semble avoir été épargnée), le récit va s'attarder sur le personnage d'Edgar, un papa pas vraiment exemplaire qui, par un malheureux concours de circonstances, va rater les secours et se trouver séparé de sa femme et ses enfants.
Commence alors une course contre la montre pour rallier la Cornouaille d'où doivent partir les navires venus secourir les survivants. Partant d'Edinburgh, Edgar et ses quelques compagnons d'infortune ont un peu plus de trois semaines pour traverser tout le pays... à pied !
Voilà pour le pitch.
Disons le tout net, l'écriture de Adrian J. Walker (en passant, j'adore ce nom. S'appeler Walker et écrire un bouquin sur des gens qui courent, je suis assez fan) n'est pas celle de McCarthy. Bien moins austère et sèche, l'auteur ne s'attarde pas ici sur le côté sombre et désespéré d'un monde à l'agonie, mais au contraire sur la possibilité, même hypothétique d'un ailleurs plus clément.
Et attention, je ne critique pas le style de McCarthy dans La route ! Son austérité stylistique était justement ce qui m'avait plu en le lisant.
On a juste là, une autre approche, avec un style très différent. Edgar est accompagné de plusieurs compagnons d'infortune, et une bonne part du récit passe par les échanges s'opérant entre eux. Les dialogues sont très directs, très vivants, et l'alchimie entre les personnages fonctionnent bien.
Le personnage d'Edgar est très réussi, dans un registre de looser et de père indigne plus ou moins bien assumé. C'est en effet ce qui tranche avec les personnages habituels de survivalistes post-apo. Edgar n'a rien d'un héros.
Devenu papa par défaut, ayant longtemps négligé sa famille, c'est sur un total coup de chance qu'il parvient à leur éviter le pire me jour de la catastrophe. Et finalement, c'est dans la séparation qu'il se découvre père et époux.
Le voyage ne sera pas sans obstacles, ni sans rencontres plus ou moins farfelues et/ou dangereuses. L'enchaînements des péripéties fait de ce roman un très bon pageturner, et on dévore littéralement les pages les unes après les autres. Une chouette découverte.