On ne présente plus Brandon Sanderson, l’homme qui écrit plus vite qu’on ne peut le lire, et sans doute l’auteur de fantasy/SF contemporain le plus célèbre à ne jamais avoir été adapté. Deux de ses sagas le définissent le plus à mes yeux : Les Archives de Roshar, ma favorite, et celle-ci, Mistborn.
Or, Mistborn occupe une place intéressante dans sa bibliographie. Sa première ère a été publiée d’une traite durant la fin des années 2000. Sa deuxième ère, en revanche, a mis onze années à être achevée, ce qui donne une idée du nombre de sagas dont il s’occupe désormais. Voilà pourquoi le défaut de ce dernier tome de l’ère 2 est… moi-même. J’aurais dû lire les quatre livres d’une traite, puisque The Lost Metal reprend directement là où le précédent s’était arrêté, et il m’a fallu du temps pour tout saisir.
The Lost Metal est court par rapport à un tome de Roshar, et occupe pourtant une position centrale dans le Cosmere. Jamais Brandon Sanderson n’avait autant fait référence à son univers étendu. D’une part cela rend la lecture gratifiante pour les fans (un exemple de fan-service positif, en somme), d’autre part les enjeux sont ambitieux dès le début. C’est là que le bât blesse légèrement : il lui fallait conclure de façon satisfaisante l’arc de chaque personnage, préparer l’ère 3, et aussi avoir un final assez épique, mêlant enjeux globaux et personnels. The Lost Metal réussit plus ou moins à trouver un équilibre mais n’atteint l’apothéose d’un Roshar :
C’est la confrontation entre Wax (aidé par le dieu Harmony) et sa sœur Telsin (avatar de la déesse Autonomy) qui illustre cela cet aspect le plus. Le prologue insiste sur l’importance de la famille pour Wax, et la rivalité monte pour préparer un affrontement final… qui n’a pas lieu. Wax part désamorcer la bombe et Telsin est simplement tuée par une Autonomy n’ayant plus besoin d’elle. Un peu décevant : pourquoi présenter un dilemme moral si Wax n’a pas à l’assumer jusqu’au bout ?
Il y a aussi le sacrifice final. L’ère 1 se termine de manière assez brutale, puisque les deux personnages principaux, Vin et Elend, périssent. Ici, parmi le duo principal, Wax s’en tire, et c’est Wayne qui réalise le « sacrifice classique ». Qu’il donne sa vie héroïquement ou survive miraculeusement sont deux « tropes » quelque peu insupportables si mal exploités. Heureusement, Brandon assume le premier choix et la mort de Wayne fonctionne sans innover le genre.
Et voilà peut-être la plus grande force de ce récit. Le steampunk est un genre très populaire mais dont je connais peu de références littéraires, et donc m’apparaît davantage comme « esthétique ». L’auteur parvient à l’allier habilement à de la fantasy grâce à un système de magie s’adaptant à merveille. De même, toute cette esthétique et technologie s’assemblent en parfaite cohérence avec des enjeux « divins ».
Entre la conclusion grandiloquente et personnelle, The Lost Metal donne une fin satisfaisante à ses personnages, dont le rôle convient à leurs capacités (Wax, Wayne, Marasi et Steris du quatuor principal, mais j’ai aussi été positivement surpris par Moonlight, Ranette et TenSoon). À défaut d’être une référence, j’espère que ce tome, et par extension cette saga mêlant steampunk, fantasy et « post-apo » occupera une place importante dans l’œuvre de Brandon Sanderson.