"Vous tuez quelqu'un, faudra vous battre. Dans l'arène. Devant Dieu. Et jusqu'à la mort !"

Reprenons le chemin des Walking Dead sur La Route de Woodbury : horreur, gore et atrocités tant humaines que mortes-vivantes sont au programme ! Avec La route de Woodbury, Robert Kirkman poursuit son apprentissage de l'exercice romanesque dans un monde qu'il connaît sur le bout des doigts, avec la complicité de l'aguerri Jay Bonansinga. Mettant en scène Bob, Lilly et autres Josh, ce roman nous fait découvrir avant tout un autre groupe de survivants dans la banlieue d'Atlanta dont une partie va se retrouver dans la fameuse ville de Woodbury, dirigée de main de maître par Philip Blake, héros du premier roman, surnommé « le Gouverneur ». Au premier abord, j'avoue que c'est d'abord les quelques défauts primordiaux qui m'ont sauté aux yeux. En effet, les deux auteurs ont rapidement pris la très mauvaise manie, incroyable pour moi, aberrante même, au moins dans la première partie, de nous révéler, quelques lignes avant qu'ils se produisent, des éléments-clés du récit ! Je ne comprendrai jamais ce style de tout annoncer comme ça, alors que c'est le suspense qui devrait primer, au moins dans ce genre de littérature ! de plus, à trop vouloir étudier les relations humaines, la psychologie des personnages, les auteurs se perdent en multipliant les parenthèses et les encarts longuets, mais là aussi on peut déceler une grande différence de rédaction entre les deux parties du récit (auraient-ils rédigé ces deux parties à des moments différents, notamment la deuxième en même temps que le premier roman et la première partie seulement dans un autre contexte ?). Ajoutons à cela quelques choix contestables de traduction, comme des références purement françaises (citer la Ligue 1 pour une métaphore footballistique !!!) dans le contexte du fin fond des États-Unis, et on peut dire que le style pêche quand même pas mal dans ce deuxième tome. Heureusement, l'intérêt scénaristique de ce livre franchisé est notable. La Route de Woodbury, c'est déjà un bon prétexte pour nous montrer la véritable « Ascension du Gouverneur » qui titrait le tome précédent, mais on ne va pas s'en plaindre car comprendre comment on est arrivés à la situation connue dans les comics est assez jouissif. En effet, c'est dans ce présent roman que Philip Blake « invente » bon nombre de ses habitudes perverses (évitons davantage les spoilers ici…), mais un passage très intéressant nous rappelle aussi l'importance du personne du frère de Philip, Brian (et je n'en dirais pas plus car là c'est vraiment friser le spoiler !). de la même manière, on retrouve avec plaisir des objets, des situations voire des personnages bien connus, Martinez en tête à Woodbury dont l'importance est grandissante et c'est intéressant de voir sa personnalité ainsi développée, le Gouverneur bien sûr, Alice et le Docteur Stevens un peu, d'autres moins connus aussi, mais pas moins importants pour l'intrigue du duo Robert Kirkman – Jay Bonansinga. Bon après, une fois ces personnages bien reconnus (penchez-vous attentivement sur le Tome 8 des comics Walking Dead et vous aurez tout ce qu'il vous faut pour cerner les personnages de ce roman), si on a bien pris conscience de l'état psychologique qui règne à Woodbury sous le règne du Gouverneur, on peut plus ou moins facilement sentir les petits événements arriver à l'avance ; sans être désagréable, cette habitude dénature peut-être un peu le récit, mais il faut penser que ce roman est tout autant fait pour les fans les plus exigeants que pour ceux qui découvrent la franchise par la série télévisée actuelle, voire même pour les plus simples néophytes qui soient et qui veulent découvrir tranquillement par ce roman une histoire de morts-vivants. Enfin, un intérêt moins perceptible est également de nous faire comprendre que le temps passe très vite (les auteurs se montrent parfois même particulièrement lourds sur ce point), mais que les distances où se déroulent les actions sont, elles, très restreintes ; cela aide à relativiser l'exode que peuvent vivre certains personnages et surtout à appréhender les relations de proximité relative mises en perspectives sur l'ensemble de la franchise Walking Dead (comics, romans, série télévisée). Un roman franchisé qui se lit particulièrement vite et, malgré des petites anicroches qu'il est toujours dommage de repérer, qui nous divertit comme il se doit, même s'il se rattache davantage au principe des webisodes de la série qu'à celui du gros coup de théâtre présent dans le premier roman.

JULIENDAWSON
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le 21 janv. 2019

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