"A quoi bon crier ce qui ne peut s'écrire
Que je le porte en moi ce séisme d'aimer." *
Théâtre / Roman est un labyrinthe poétique grandiose. La narration est éclatée, la lecture se fait dans la brume. Ce serait l'histoire d'un homme, ou d'un autre, un acteur ou bien un écrivain, qui entend des pas singuliers dans son théâtre ; il rencontre peut-être un vieil homme, lui plus tard ou lui plus jeune. Bien sûr, il doit y avoir quelque histoire d'amour éparpillé au milieu de sa recherche identitaire ou artistique. Des amours du passé, fantômes du coeur, face aux amours du présents, qui se battent pour le futur. C'est flou. La trame s'emmêle ou s'en mêle, nous sommes au théâtre et dans la poésie, les personnages doutent de leur existence : "Et si j'avais été je ne sais qu'importe mais pas ce que je suis Si j'avais pris le chemin des autres parlant pour ne rien dire histoire de passer le temps entre ce qu'on est payé pour faire et les heures passées à autre chose que dormir et manger Seul d'abord seul à se jeter par la fenêtre les soirs sans but ni raison Comment se fait-on des amis ou s'en défait-on comment errer dans cette vie alors un jour c'est à crier mais que crier Des mots sans suite des mots creux des mots pour personne des mots dément des mots perdus mais marie-toi disait ma mère" La pensée est fluide dans sa perte de sens, il faut clamer le texte pour entendre tous les ricochets des sons des mots. Je tremble et presque je pleurs à lire les poèmes d'amour et de théâtre à mes amants de lit.
"Il n'y a plus dans le parler de ce pays
Place au duel cette part sans partage du
Dire du elle et lui ce doux duo du eux."
Tout éclate d'une beauté fulgurante ! Je suis sous l'emprise du mot, du désespoir de l'être, je bois les pages qui se suivent sans raison, c'est une enquête policière sur la Vérité. Il n'y a pas de planches de théâtre, le lieu est l'esprit - remue méninges sans fin, sous toutes les formes. Les prénoms ne comptent pas, Daniel, Romain, Mathilde, Marie, Aurore, Morgan, Alexandre et s'inversent ; la ponctuation s'absente dans l'air.
Du roman on aura le romanesque. Qui écrit exagère. Un regard sur la vie est un effet de loupe, la mise en scène d'un héros inconnu des autres, au creux de soi. Tout est expérience : de l'être infini, du couple, de l'âge (transcendant), du mensonge des masques, de l'écriture (structure, mots, sonorités, espace). Une introspection immense, gigantesque même !, et tortueuse, toute bordée d'une poésie sans nom.
* Un bout : https://docs.google.com/document/d/1IGiN95nAyxksGzDW2fC-LGziy7uma6gr66_RPKVtgmg/