« Oh non, pas un livre sur les maths ! » pourrait-on s’écrier devant Théorème vivant. Et les allergiques à l’algèbre et à la géométrie auraient raison, à la nuance près que… si le livre est plaisant à lire, ce n’est pas vraiment pour les parties mathématiques explicatives, mais plutôt pour le parcours suivi par Cédric Villani et son collègue Clément Mouhot pour arriver jusqu’au bout du défi mathématique qu’ils s’étaient imposés, à savoir mieux comprendre l’amortissement Landau.
Alternant entre récit à la première personne, mails professionnels et biographies de grands noms des mathématiques et de la physique, Théorème vivant arrive à maintenir sur plus de 250 pages un bon rythme de croisière, soutenu surtout par l’enthousiasme quasiment inébranlable de l’auteur. Les parties mathématiques et les applications physiques sont complètement opaques même avec un niveau de bachelier scientifique, mais qu’importe ; ce qu’on retient, c’est la taille de l’obstacle auquel s’attaquent de front les deux chercheurs, et leur lente progression intellectuelle vers leur objectif. On retient aussi l’exotisme des étapes du voyage, du Japon aux Etats-Unis en passant par l’Inde. On retient, enfin, plusieurs grands noms et travaux du monde de la recherche mathématique, de Perelman à Lebowitz en passant par Nash et Boltzmann. Le tout avec un style plutôt fluide de factuel, ponctué de réflexions sympathiques et de quelques détails privés pour créer une certaine complicité (même un grand chercheur comme Cédric Villani aime les mangas, qui l’eut cru ?).
Mélange de documentaire et de parcours romancé, Théorème vivant plaira à ceux que le monde mathématique ne dégoûte pas, et surtout aux scientifiques curieux.