Albert Londres, 40 ans, couvre le Tour 1924 en voiture. En auto, comme on disait en ce temps, pour distinguer les véhicules à moteur de ceux à cheval. Le style un peu désuet s'oublie facilement, de même que les précisions techniques (les pneus ont remplacé les boyaux depuis un bon moment...).
Ce qui n'a pas changé en revanche, c'est l'effort surhumain qui malmène les corps, l'euphorie des spectateurs (incroyablement inconscients, qui font obstacle aux coureurs ou les frôlent en voiture), le prestige de la victoire.
On retiendra plus particulièrement l'aspect pécunier de l'épreuve : les professionels de la route le devenaient non seulement par passion du sport mais également par nécessité financière : le vainqueur cette année-là (Bottecchia) était maçon.
C'est d'ailleurs la raison avancée par les frères Pélissier, syndicalistes dans l'âme, qui se retirent de la compétition pour protester contre l'exploitation dont ils s'estiment victimes de la part de leur sponsor. Ce sont eux également qui énumèrent sur un ton désabusé les substances dont on les charge pour les rendre plus efficaces. D'aucuns prétendent que les deux trublions, pour lesquels le journaliste ne cache pas son admiration, esquivèrent grâce à cette démission l'humiliation de la défaite.
Avant de dévorer les kilomètres, il faut dévorer ces 90 pages, qui prouvent s'il en était besoin que chevaucher la petite reine est un vrai sport d'homme, malgré le titre de cette critique et la couverture ambiguë :)
On pourra éventuellement poursuivre avec le "Petit éloge de la bicyclette" d'Eric Fottorino, rédigé avec la même verve en 2007.
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le 19 janv. 2013

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