Première chose à savoir avant d'ouvrir ce livre : il s'adresse en premier lieu à des étudiants en cinéma, dans l'optique de leur donner des clefs de mise en scène à la fois élémentaires et créatifs, en montrant comme Spielberg recourt soit aux techniques de base en les améliorant, soit à de véritables innovations de cadrage et de réalisation qui constituent sa marque de fabrique.
D'où le titre relativement niais de l'ouvrage, certes traduction littérale du titre original (Shoot like Spielberg), mais qui semble viser un public peu averti en matière de cinématographie.
Après une brève introduction, Christopher Kenworthy choisit dix cas mettant en valeur l'efficacité et le savoir-faire du cinéaste en fonction de thèmes précis : narration rapide, narration visuelle, guider le regard, poursuite désespérée, etc. Pour cela, il analyse presque plan par plan dix séquences tirées de huit films, grands classiques du réalisateur (Les Aventuriers de l'Arche Perdue, E.T., Jurassic Park, Les Dents de la mer, La Liste de Schindler) ou titres un peu moins connus (Empire du soleil, Arrête-moi si tu peux, Amistad).
Didactiques, presque pédagogiques, ses démonstrations sont passionnantes, et permettent de décrypter les véritables atouts de mise en scène que Spielberg peut déployer pour résoudre des problèmes de narration très différents. Le chapitre 8, "Hauteurs symboliques", analyse ainsi une scène de dialogue d'Amistad, et souligne de quelle manière le cinéaste contourne le risque que représente ce genre de scène (platitude, personnages inertes et réduits à ce qu'ils disent s'ils ne sont pas mis en mouvement) en jouant des hauteurs de caméra et du placement des acteurs les uns par rapport aux autres pour donner tout leur sens aux dialogues.
La brièveté du livre n'en est que plus frustrante. Ces dix cas de figure sont vite parcourus, et donnent l'impression de n'avoir fait qu'effleurer le savoir-faire du réalisateur. Ce qui confirme que ce volume s'adresse à des néophytes en mise en scène, et ne constitue qu'une approche superficielle du sujet.
Autre bémol à ajouter : le choix de la police de caractère "Courier", traditionnellement associée à la mise en forme d'un scénario, mais qui donne ici un côté cheap à la mise en page du livre.
Un petit livre intéressant, même s'il est trop court et ne donne l'impression que de survoler son sujet.
A noter qu'on trouve dans la même collection deux titres similaires, consacrés à Martin Scorsese et Quentin Tarantino.