Je ne sais pas pourquoi, mais je me doutais que ça allait marcher entre monsieur Cortazàr et moi, et résultat, ça n'a pas manqué : j'ai eu un gros coup de cœur pour "Tous les feux le feu".
Avant de parler des 8 nouvelles présentes dans ce recueil, je dois dire que ce que j'ai adoré par dessus tout, c'est la plume de l'auteur : Julio Cortázar est un écrivain argentin, principalement "surréaliste" tout comme pouvait l'être Jorge Luis Borges, mais plus ludique dans l'écriture que celui-ci. La plume de Cortazàr m'a conquise car tout en étant abordable, elle reste très originale et reconnaissable entre mille, ceci par la présence de petits détails. On a souvent de très longues phrases sans ponctuations rapportant des dialogues indirectes, une plume tantôt comique tantôt tragique qui peut basculer très vite d'un ton à l'autre, et un réalisme magique à peine effleuré dans certaines histoires, qui rajoute une saveur toute particulière à l'ensemble de ses récits.
Mais ce n'est pas que cela qui a rendu ma rencontre avec cet auteur excellente, car parmi les 8 histoires présentes dans ce recueil, pas une seule ne m'a déçu. Si je dois vous parler de mes 3 préférées :
- "L'autoroute du Sud" est ma nouvelle préférée du recueil. Le pitch : des automobilistes se retrouvent coincés dans un embouteillage de plusieurs jours et doivent s'organiser dans leur micro-société pour survivre. La situation est absurde, mais le récit est extrêmement puissant : en 30 pages, je me suis attaché à l'intégralité des personnages et j'ai eu beaucoup de peine à devoir les quitter. D'ailleurs, tous ces personnages nous sont présentés un peu abruptement au début et il faut s'accrocher (ce que l'auteur fait aussi dans d'autres nouvelles de ce recueil) ; cela peut paraître déstabilisant mais j'ai trouvé ça extrêmement original. Tout est absolument génial dans cette histoire, c'est une claque.
- "Directives pour John Howell" : ici c'est le côté absurde et comique de la plume de l'auteur qui est présenté : un homme se fait recruter dans le public au dernier moment pour jouer la pièce de théâtre qu'il est venu voir, à la base. Beaucoup de flou et d'humour dans cette histoire, c'est ce que j'ai adoré.
- "Tous les Feux le Feu" : La nouvelle qui donne le titre au recueil, basé sur une double temporalité entre un combat de gladiateurs et une histoire d'adultère contemporaine (!). Encore une fois très originale, qui commence de façon déstabilisante et finit tragiquement. Je pense que c'est d'ailleurs le fil rouge que l'on peut retrouver entre toutes les nouvelles de ce recueil, car à peu près toutes les histoires sont construites de cette manière.
Les 2 nouvelles abordant le thème de la guerre, "Réunion" et "L'autre ciel", ont une construction différente, où dans l'une l'auteur développe un peu plus le côté poétique de sa plume tandis que dans l'autre le lecteur est brouillé par le personnage principal qui arrive à voyager entre deux époques : la fin de la Seconde Guerre Mondiale à Paris et la fin de la guerre de 70 à Buenos Aires. Ce sont les deux nouvelles qui m'ont un peu moins marquées (même si ça reste excellent).
Avec cette découverte, je place Julio Cortázar dans la liste de mes auteurs préférés du moment (avec Dan Simmons et Ray Bradbury). Ça sera sûrement une de mes meilleures lectures de 2021, et je ne suis que joie d'avoir enfin pu découvrir ce recueil qui me faisait de l'oeil depuis pas mal de temps. Je vous le recommande absolument, c'est pour moi un petit bijou de la littérature espagnol.
Bon, sur ce je vous laisse, je pars dévorer l'intégralité des romans de l'auteur (en plus il paraît que "Tous les feux le feu" n'est pas le plus côté de ses livres, c'est génial non ?).