Mr José est l’un des préposés aux écritures au Conservatoire de l’Etat civil. Il est tout au bas de l’échelle hiérarchique et trime sans relâche du matin au soir pendant que ses supérieurs travaillent de loin en loin et que Monsieur le Conservateur n’en fout pratiquement pas une.
Mr José est aussi le seul personnage nommé de ce livre surprenant : intitulé « Tous les noms » et considérant l’ensemble des êtres humains vivants ou morts, Saramago n’a étiqueté qu’un individu dans ce maelström anonyme.
Mr José, la cinquantaine et vieux garçon, n’a qu’un hobby : il collectionne les célébrités. Entendre par là qu’il s’introduit clandestinement dans le Conservatoire attenant à son habitation pour recopier les fiches d’Etat civil de tout ce que le monde compte de plus en vue : champions sportifs, vedettes de cinéma, évêques charismatiques… Il fait feu de tout bois. Sa petite manie aurait pu l’occuper des années encore si, une nuit, un événement extraordinaire ne l’avait pris de court : Mr José, en recherchant de nouvelles fiches, emporte par mégarde celle d’une parfaite inconnue…
Cela va bouleverser toute son existence.
Saramago dans ce roman dépeint une nouvelle fois une société ubuesque qui ressemble pourtant étrangement à la nôtre. Bureaucratie tatillonne, administration engluée au beau milieu de ses principes rigides, société pyramidale où les chefs exploitent les classes ouvrières. La prose d’une richesse et d’une densité rare est une nouvelle fois savoureuse et le lecteur s’amuse beaucoup à la lecture des extravagances et des exagérations de l’auteur.