Ce "tout n'est pas perdu" était fort prometteur : un thriller psychologique, narré par le psychiatre donnant la parole aux personnages, ses patients, à tour de rôle. Le contexte : une ville moyenne des Etats-Unis, la petite bourgeoisie rangée, une adolescente violée et qui subit un traitement pour oublier le viol. Ce traitement ayant des limites, il va falloir que le psychiatre l'aide à se souvenir, quitte à ce que cela interfère avec la vie privée du praticien...
Bon, reconnaissons que l'ambiance peut plaire (j'aime décidément ces thrillers américains nouveau genre, sans flic ni enquête mais axés sur les familles, les protagonistes et leur passé). Reconnaissons aussi que l'idée de départ est bonne est permet un mini-débat : faut-il vraiment oublier pour se remettre ? (le traitement n'existe pas encore vraiment sous cette forme, nous dit-on en postface, mais on s'en approche peu à peu, et ces questions éthiques se poseront...).
Le hic, c'est que je trouve finalement le scénario un peu tiré par les cheveux, et la fin aussi, qui fait un peu bâclée du coup. D'autre part, même si, comme je l'ai dit plus haut, j'aime ce genre de thrillers en vogue depuis quelques années (un peu de la famille de "Gone girl", cité en 4ème de couverture d'ailleurs), peut-être que je sature un peu. Je les confonds d'ailleurs plus ou moins, signe que les ressorts et procédés s'essoufflent (ou que moi je me lasse !). Ces titres, souvent chez Sonatine (excellent découvreur de talent néanmoins), dessinent une grande famille certes alléchante et attirante pour le cinéma, mais dont la qualité baisse un peu et qui emploie toujours les mêmes procédés (enquête sans flic ou flic vu de loin, société américaine moyenne, zoom sur la famille). J'en ai lu quelques-uns et du coup ça me fatigue un peu, même si pris individuellement je n'ai pas grand chose à leur reprocher : "Tout ce qu'on ne s'est jamais dit", récemment, est honorable mais ne laissera pas un souvenir impérissable, "Une autre vie", de SJ Watson m'avait déçue il me semble, de même que "Avant d'aller dormir", véritable roman à l'eau de rose déguisé en thriller ; "La fille du train" était tout à fait dans la veine de "Les apparences" de Flynn, dont "Les lieux sombres" m'avait plu mais sans toutefois se détacher vraiment...
Tous ces titres font pour moi partie d'une grande famille littéraire, des romans agréables à lire sur le moment, mais qui brassent et rebrassent toujours les mêmes trucs et ne se détachent plus les uns des autres. Désolée donc de ne pas faire partie du mouvement encenseur, mais je crains que finalement cela devienne une sous-catégorie de thrillers dont la qualité littéraire baisse... Ou alors c'est moi qui ne suis plus bon public !