Comme le tome 2 des '"malaventures" d'Esther Parmentier vient de débouler sur le présentoir Ado Étranger de notre département jeunesse, je précise donc avoir commencé cette série avec le second tome ( le tome 1 n'étant pas disponible, en plus). Sorte de roman fantastico-policier humoristique, cette série me fait penser aux aventures rocambolesques d'Agatha Raisin. Il faut dire que les deux héroïnes ont des points communs. J'y reviendrai. Une chose est sure, c'est le genre de roman qui appartiens au registre "pause de cerveau", qu'on lit pour les péripéties et les blagues.


Côté histoire, nous sommes quelque part après les évènements ayant eu lieu dans le tome 1, dont certains détails seront ramenés par l'autrice. Ce qui permet de répondre à la question: "Avons-nous besoin d'avoir lu le tome 1?" Non, pas obligatoirement. On comprend assez bien qu'Esther est devenue stagiaire au ACDC ( qui n'a rien de musical), en binôme avec l'Agent Loan , un vampire au physique asiatique apparemment trop beau pour son propre bien - et celui de l'héroïne. Alors qu'ils sont extirpés un beau matin pour une enquête sur une affaire de trafic sanguin impliquant les vampires ( plutôt logique comme affiliation) Esther et Logan apprennent qu'ils font l'objet d'un audit de la part du CRIS par l'intermédiaire de Wolgang Strom, loup-garou de son état, Oméga de son statut. Leur investigation pas toujours très discrète ni toujours très stratégique les mèneront au seuil d'un complot vampirique.


Alors, côté personnages, sans bouder une certaine saveur "déjanté" de leur part, restent somme toute convenus. Une héroïne indélicate, franche, dont le physique rondelet et les cheveux indisciplinés cache un caractère fort, mais aussi un humour caustique doublé d'une dose de sarcasme, et qui a un béguin irrationnel pour le trop beau, trop classe et trop froid vampire aussi envoutant qu'inaccessible ( et qui ressemble, à ma grande horreur , à un pastiche version asiatique d'Edward Cullen, somme toute le pire personnage vampire de la création littéraire - et je pèse mes mots). Une chance qu'il n'a pas son côté voyeur et hypercontrôlant, mais il est aussi pédant, dominant et égocentrique. Il incarne le personnage le plus ennuyeux du lot, pour ma part. Certes, c'est une beauté, et alors? Il est terne, froid, pas du tout amusant et il gère mal ses propres idées. Heureusement, on est sauvé par l'arrivé de Wolfgang, loup-garou de son état ( Oh, non, pas encore un triangle vampire-loup-garou-humaine!). Mais! C'est un "Oméga", qui sous la plume de son autrice, prend un statut supérieur aux Alphas. L'Alpha des alphas, en somme. Maigrichon, tout en hauteur, les yeux cernés et la dégaine mollassonne, Strom n'a rien des loup-garou gonflés aux stéroïdes et dénués de cervelle des mauvais romans fantastiques, merci bien. En fait, c'est le personnage "un peu de trop" dans l'équipe, qui est plus souvent qu'autrement en danger et qui est là pour des raisons nébuleuses. Et bien sur, le plus attentionné pour Esther, au final. Mais c'est le personnage le moins convenu de tous, alors juste pour ça, j'apprécie. Esther était véritablement drôle, mais honnêtement, son béguin illogique pour Loan la ramène au bataillon des nunuches qui bavent sur les buveurs de sang et elles sont imbuvables! Elle peut résister aux pouvoirs de certaines entités au physique déraisonnablement attirant, mais pas à ce vampire là, évidement. ( soupire blasé) C'est avec un amusement cynique que je constate que les personnages filles dotées d'un pouvoir de type "inhibition" ( le pouvoir des autres ne marchent pas sur elles) sont pourtant toujours sous le pouvoir d'un beau gars, tout-de-même. Ironie, quand tu nous tiens!


Du point de vue du scénario, je dois dire que je trouve le tout un peu diffus ou confus. Parfois, on a des détails de trop, parfois pas assez. Les nombreux acronymes et entités n'aident pas à comprendre l'univers en présence. Certaines explications ne m'ont pas éclairés, surtout vers la fin, avec cette histoire d'invasion. Qui allait où , qui a déplacé qui, qui a fait quoi, on se perdait à un moment donné. le tout assez rondement mené, mais peut-être justement trop?
Esther fait des cours, mais on y assiste une fois et franchement, ça passe en troisième degré cette histoire de formation.
Pour ce qui est de l'enquête, on est dans quelque chose de très simple, très loin des romans policier sérieux. En même temps, nous ne sommes pas dans un roman sérieux. La vocation humoristique est donc le maillon fort du roman, parce que le scénario, sans dire qu'il ne tien pas la route, n'est pas solide non plus. On ne saura d'ailleurs jamais de quelle source est ce fameux "liquide rose" ( pour ne pas divulgâcher la réelle composante dudit liquide aux Lecteurs qui ne l'ont pas encore lu).


Je disais d'ailleurs plus haut que ce roman me faisait penser aux "Agatha Raisin" de Beaton. Comme eux, ce roman est assez léger, sans prises de tête, du policier facile à la porté des non-initiés, de l'humour décapant, des répliques cinglantes et plusieurs circonstances facilités. C'est aussi une sorte de sous-genre policier qui est peut-être addictif, mais qui a vraiment peu de suspens. En outre, Agatha et Esther ont aussi du mal avec leur gros béguin et ont des complexes. Esther moins qu'Agatha, cependant.


Nous avons beaucoup de traits d'humour, souvent caustiques ( tranchant), souvent ironique, appuyé par beaucoup de références geek, cinématographique, littéraire, folklorique et j'en passe. Comme dans la majorité des romans à humour référentiel, une bonne culture générale aide, mais ici, nous sommes souvent aidés de l'autrice avec des bas de page. Je note que c'était le bienvenu, je ne connaissais pratiquement aucune de ces références autrement - même si l'autrice et moi sommes de la même génération. le titre et sous-titres sont amusants.


En somme, ce que j'ai le plus apprécié de ce roman est sa quantité de références assez variées et amusantes - même si certaines étaient incompréhensible pour la québecoise que je suis, simple question de jargon - et Esther reste un personnage relativement attachant avec ses répliques, ses idées saugrenues parfois pertinentes et sa façon de percevoir les choses. Par contre, le tout manque de finesse dans la plume, de structure dans le scénario et de fluidité dans les dialogues.


C'est vraiment une lecture de vacances ou à faire au milieu des bulles du bain.


Pou un lectorat du second cycle secondaire, 15 ans et plus.


Pour les bibliothécaires et profs: On retrouvera de nombreuses allusions plus ou moins salaces dans le roman, mais aucune sexualité explicite ni violence outrancière. Pas vraiment de grossièretés non plus, mais le langage est davantage destiné aux vieux ados et jeunes adultes.

Shaynning

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