Deuxième roman (après l’accordeur de piano) que je lis de cet auteur suisse dont on ne s'étonnera pas qu'il enseigne la Philosophie. Encore un roman complexe que ce «Train de nuit pour Lisbonne» de Pascal MERCIER (Ed. :10-18 n° 4103).
Intéressant, riche mais peut-être trop riche en enseignements ou questionnements philosophiques pour pouvoir se laisser lire... Ce roman a besoin de nous, de notre volonté d’entrer dans ce qu’il est pour se révéler à nous.
« S’il est vrai que nous ne pouvons vivre qu'une partie de ce qui est, qu'advient-il du reste? » Peut-on un jour se rendre chez nous, rendre visite au cœur même de qui nous sommes? Et sommes-nous ce que nous sommes, ce que nous paraissons, ce que les autres voient en nous ou encore tout autre chose? Autant de questions, et bien d'autres, visitées par Raimund Gregorius, professeur de langues anciennes qui laisse penser que l'homme qu'il est, l'érudit, est aussi poussiéreux que les vieux livres qu'il fréquente, tout comme eux centré sur le passé, casanier, semblant fermé au présent... Et pourtant, c'est lui qui, d'un seul coup, quitte sa classe Bernoise, part pour Lisbonne à la rencontre d'un poète portugais, Amadeu Prado, à travers le livre que ce dernier a écrit et les personnages qu'il a fréquenté, parfois aux heures les plus noires de la révolution portugaise.
On part avec lui, à la recherche de soi, du père, de l'amitié fidèle, de l'amour. On se questionne sur les certitudes et les errements qui stabilisent et minent toute vie humaine.
Avec son écriture, somme toute assez classique mais puissante, Pascal MERCIER fait plus qu'évoquer des personnages de roman, il nous ouvre au questionnement sur les forces de vie, celles qui mènent à la démesure comme celles qui donnent la mesure de toute chose.
À l'image de la vie, le roman de Pascal MERCIER est complexe, pas toujours facile à appréhender. Mais comme la vie, il mérite d'être lu!