L'auto-proclamé "Traité d'athéologie" de Michel Onfray se veut une charge frontale contre la religion, mais il se heurte à des contradictions internes et à une simplification si grossière qu'elle frôle l'absurde. Onfray prétend démanteler des millénaires de croyances religieuses avec une rhétorique manichéenne, réduisant la spiritualité à une simple pathologie à éradiquer. Cependant, sa vision du religieux est d'une pauvreté affligeante, comme s'il n'avait jamais véritablement pris le temps de comprendre la complexité, la diversité et la profondeur des traditions religieuses qu'il critique.
Son approche repose sur une ignorance historique inquiétante. En imputant à la religion tous les maux de l'humanité, il évite soigneusement d'admettre que certaines entreprises humaines de l'histoire, dont beaucoup partaient de la religion, ont servi la science et la culture à travers les âges. Au lieu de faire preuve de rigueur intellectuelle, Onfray use de raccourcis simplistes pour convaincre un lectorat en quête de réponses faciles. Il tombe dans un scientisme naïf, refusant de reconnaître la dimension métaphysique de l'existence, comme s'il détenait la clé pour expliquer de manière aussi réductrice la quête de sens qui anime tant d'êtres humains.
Mais c'est surtout l'incapacité d'Onfray à dépasser une critique viscérale de la religion qui rend son ouvrage stérile. Son athéisme devient dogmatique, aussi rigide que les doctrines qu'il dénonce. Loin de proposer une nouvelle perspective philosophique, Onfray ne fait que recycler des idées déjà exploitées par Nietzsche, Marx ou Freud, sans jamais atteindre la profondeur de ces penseurs. Son athéisme n'a rien de novateur, il se contente de répéter les mêmes rengaines, vidées de leur substance.
Finalement, le "Traité d'athéologie" est un pamphlet qui se mord la queue : prétendant libérer la pensée, il enferme le lecteur dans un discours réducteur et stérile, incapable d’embrasser la complexité humaine. Un livre qui, sous couvert d'intelligence critique, s’effondre sous son propre simplisme.