Ann B, Ann X ou Naïs, ce n'est qu'elle. Même pas trente ans et déjà plus de mille meurtres à son actif, à commencer par ses parents et un couple de leurs amis, faut dire qu'il s'agissait de pédophiles notoires, m'enfin... Partout où elle passe, elle laisse des traces sanglantes et avec quelle élégance. Sa signature est une attaque soudaine et imparable. Elle préfère le sabre japonais mais ne dédaigne pas le poinçon. Qu'est-ce qui la pousse à ces crimes ? Et qui sont ceux qui la poursuivent ?
C'est Interpol qui confie la mission de la retrouver à Stephen, un psychologue spécialiste en criminologie. En presque trois ans d'enquête il accumule les pistes et les indices, notamment le plus troublant d'entre eux. En effet, son image semble échapper aux différentes caméras qui la filment. D'autres services, et notamment le FBI, ne seraient-ils pas dans le coup ? C'est une enquête que va mener aux quatre coins du monde Stephen et qui va l'amener à découvrir le terrible secret d'Ann.
Certes Ayerdhal s'était illustré surtout dans le domaine de la science-fiction, mais ne dit-on pas qu'on est écrivain avant que de n'être d'un seul genre. Aussi, c'est avec son art consommé de l'écriture qu'il s'est attaqué à ce « Transparences ». Avec un certain succès, il faut bien le reconnaître car l'idée est originale, les retournements époustouflants et un certain nombre de scènes d'anthologie viennent ponctuer ce thriller que le cinéma est en train d'adapter à son format. Et heureusement qu'il y a cela, car le reste est plutôt tristoune.
En effet, c'est avec application qu'Ayerdhal s'est documenté auprès des bureaux d'Interpol à Lyon ainsi qu'auprès du milieu du renseignement, mais cela donne trop de pesanteur à ce roman. Ayerdhal passe parfois un peu trop de temps à décrire les protocoles d'échanges entre services secrets, les méthodologies d'enquêtes au détriment de l'action.
Les phases d'introspection psy sont aussi assez longuettes et gâche ce roman où on prend vraiment beaucoup de plaisir dans l'action. Les aventures de cette Matrix femelle mâtinée de Caméléon ne manquent pas de piquant ni d'originalité. Ne doutons pas que le cinéma saura donner à l'idée une dimension plus sensationnelle.
Ayerdhal reste un auteur des plus créatifs dans ses univers. Ce pas fait dans le thriller n'est pas un faux pas, mais le challenge qu'il s'est fixé est d'une dimension qu'il a certainement sous-estimée et pour laquelle il a voulu faire de son mieux. Les longueurs tuent l'action mais cela reste un bon roman, ou tout du moins, une belle entrée en matière pour cet auteur remarquable.