Et chaque fois mourir un peu, Livre 2, Trauma(s) de Karine Giebel, présentation2010, Afghanistan, les 4 hommes ont été enlevés par les Talibans. 1ère exécution, décapitation est filmée. Ils sont en pleine montagne. Tenir encore et encore. Une première tentative d‘évasion a avorté.Greg et Paul seront ensuite séparés.Avis Et chaque fois mourir un peu, Livre 2, Trauma(s) de Karine GiebelAccrochez-vous, Karine Giebel a encore frappé pour ce Livre 2, nommé Trauma(s) et le titre, déjà, en dit très long. La romancière sait jouer avec les nerfs de son lecteur, notamment pendant les premières pages de son roman, que l’on lit mais sans forcément y accrocher. On reste à cause du style de l’autrice et que l’on veut connaître ce qui se passe pour Grégory. Mais tout change lorsque Paul refait son apparition, en 2022, et qu’il va voir son meilleur ami. Et là, c’est le drame pour tout le monde, lecteur compris. J’ai dû relire les pages plusieurs fois pour voir si je ne me trompais pas, si le roman avait été correctement imprimé.Grégory va alterner toutes les phases pendant son internement. Il sera violent envers les infirmiers, envers lui-même. La punition qui suit sera encore plus violente et ce pour le mater. Il sera dans un état catatonique par rapport à toutes les expériences médicamenteuses que l’on propose. Aucun traitement ne lui fait d’effet. Grégory, même enfermé, tentera de s’échapper aussi bien physiquement qu’en pensées. Il revivra ce qu’il a vécu, pendant ses missions humanitaires, avec son ami, son frère Paul. D’ailleurs, ce dernier, de part de son statut va obtenir, de haute lutte, un droit de visite. Mais il verra son ami s’enfoncer tant et plus et malgré ses alertes, rien n’y fait. Grégory est un paria, malgré ses hauts faits d’armes, en tant qu’infirmier humanitaire. Il suscite énormément de peur mais aussi de la fierté pour un infirmier qui le suit, le soutient, mais qui ne peut pas faire grand chose face aux autres. Grégory veut tout faire pour se rappeler ce qui l’a amené là. Pour lui, il n’est pas coupable, il n’a pas pu tuer sa femme Zina. Heureusement que Paul est là, pour lui rendre visite, pour tenter de lui remonter le moral, d’éviter qu’il se suicide. Alors oui, pour sa santé mentale, Paul sera obligé de lui cacher un fait important mais sans ce mensonge, Grégory ne pourrait pas s’en sortir. Paul est plus qu’un ami, un frère, pour ne pas avoir abandonné pendant plus de 10 ans Grégory. Le but est de retrouver la mémoire de ce qui s’est passé à son retour d’Afghanistan, même si tout le monde le croit coupable, suite à l’enquête des gendarmes. Mais même avec ça, ce n’est pas gagné. Tout dépend aussi du comportement de Grégory, de sa faculté à se réinsérer, de ne plus être violent.Karine Giebel nous détaille un endroit affreux, où les patients ne sont pas pris en considération, où ils sont abrutis par les médicaments. Même si c’est romancé, même si c’est ultra violent, je pense que ce monde existe, même de nos jours, de la part la faute de moyens, de part la faute d’un personnel pas assez bien formé, de part la faute d’un personnel qui n’a rien à faire dans de tels lieux, de part la faute de médecins qui sont sûrs d’eux et qui ne prennent pas en considération leurs patients.J’espère que Grégory et Paul trouveront la paix là où ils sont, toujours ensemble, toujours frères.Pour offrir de tels romans, aussi sombres, sur l’âme humaine, sur les situations vécues par ses personnages, je me demande comment fait Karine Giebel. Il doit lui falloir du temps pour se reconstruire. Car si un lecteur ne ressort pas indemne de telles lectures, que dire d’un auteur. Les personnages, les situations doivent le hanter pendant un long moment.Il faut avoir le coeur bien accroché, être bien mentalement pour lire tout cela. Merci pour ce roman qui a demandé autant de recherches, qui reprend tous les conflits mondiaux, qui oublient tous ceux qui meurent, qui sont blessés, physiquement et moralement, et qui oublient tous ces humanitaires qui tentent de sauver, au péril de leur vies. Coup de coeur absolu.Et chaque fois fois, toujours plus de violence.Et chaque fois, toujours de l’espoir.Et chaque fois, ne pas sortir indemne.