Do you know what it means to miss New Orleans ?
Journaliste et écrivain britannique, Nik Cohn est avant tout reconnu pour avoir été l'un des fondateurs de la critique rock. On lui doit notamment le roman Awopbopaloobop alopbamboom, the golden age of rock ou bien encore les prémices du scénario de Saturday Night Fever.
A partir du milieu des années 70, il commence à se désintéresser du rock, devenu trop sophistiqué, voir pompeux à ses yeux, et se tourne alors vers la musique « Noire » plus riche, plus crue et surtout plus proche de la rue. C'est tout naturellement que suite à son installation aux Etats Unis au début des années 80, le hip hop naissant va attirer son attention.
En grand amateur de la Nouvelle Orléans, c'est tout particulièrement la Bounce du début du millénaire qui intéresse Nik Cohn dans Triksta. Style musical basé sur les block party et les danses et chants du Mardi Gras de la Nouvelle Orléans, la Bounce est avant tout un mouvement très porté sur l'hypersexualité de ses sonorités. Elle est aussi marquée par l'évolution de la ville, devenue plus violente que celle qu'il avait connu dans les années 70 alors qu'il tournait avec The Who.
Avec un style d'écriture parlé, voir putassié à l'image de la musique qu'il décrit, Nik Cohn nous raconte ses déboires de producteur débutant (naïf), et dresse divers portraits de personnages bien ancrés dans leur ville. On y croise Soulja Slim tombé suite à des règlements de compte sans fin, Willie un boxeur dont la vie a tout d'un film de Scorsese et puis tous ces rappeurs que l'auteur tente d'aider à produire (avec un succès vraiment très relatif). Choppa, un jeune prodige ingérable. Junie B, petite poétesse insaisissable, qu'il emmènera se produire jusqu'à Paris. Che Muse, effrayé par l'échec, à qui il essaiera de donner les moyens de réussir. Et bien d'autres encore qui viennent enrichir la diversité de ces quartiers noirs pauvres de la Nouvelle Orléans.
Parce que c'est de ça dont il est question dans Triksta, de cette vie qui grouille malgré le merdier qui les entoure. De cette richesse de couleurs, d'odeurs et de bruits malgré la présence de la drogue et de la violence. De tous ces gens comme Earl J Mackie de chez Take Fo', Saadi Kahli ou DJ Chicken qui s'entraident les uns les autres sans rien attendre en retour.
Et puis en 2005, Katrina est arrivée.
Nik Cohn y consacre un dernier chapitre poignant, dans lequel il revient sur toutes ces personnes qu'il a rencontré et des difficultés qu'elles ont connu après le cataclysme, et des changements qu'il a apporté. Place aux touristes ! La Nouvelle Orléans se transforme, tout en prenant bien soin de laisser ses habitants les plus pauvres sur le bas côté.
Comme le disait si bien George : "Monde de merde".