Je reconnais que je ne suis pas parvenu à goûter pleinement Hérodias : la nouvelle réclame peut-être une culture que je ne possède pas. J'avais beau connaître l'histoire de Jean-Baptiste, je sentais que Flaubert y développait des considérations qui ne résonnaient pas.
Mais, Un coeur simple et La légende de St Julien l'hospitalier m'ont époustouflé : de beauté mais plus encore de densité. Flaubert, en quelques pages, parvient comme dans ses grands romans à saisir l'essence des lieux et des âmes qui les habitent. Ils ne se privent même pas de nous laisser traîner sur quelques lignes de descriptions qui sont de véritables dentelles d'ornement.
Lisant ces Trois contes, j'ai rapidement eu envie d'essayer de comprendre quel était leur principe d'unité. J'ai pensé d'abord à une tentative de réponse à la grande question philosophique de « ce qui qui nous rend humain » par une réflexion sur notre rapport au monde animal (apprivoisé par Félicité, chassé par Julien). Mais Hérodias (décidément) m'a fait comprendre que je faisais fausse route. Arpentant les pages de cette dernière, avec difficulté donc, peut-être trop concentré sur ma quête pour entendre pleinement Flaubert, j'ai alors cru percevoir que la figure trinitaire, quoique transformée, de Dieu surplombait ces trois contes : le père, à travers les deux parents, dans La légende de Saint Julien l'hospitalier ; le fils, mais en l'espèce une fille, dans Hérodias ; et le Saint Esprit, ici incarné en perroquet plutôt qu'en colombe, dans Un coeur simple.
J'ai voulu en avoir le coeur net, et j'ai cherché à m'éclairer sur le choix de la réunion de ces Trois contes en un seul volume. Et j'ai découvert que cette hypothèse existait déjà, mais qu'elle était peut-être la moins pertinente, à tout le moins la plus critiquée… pauvre de moi, médiocre analyste, mais heureux lecteur.
Je vous salue Flaubert, plein de grâce. Et implore votre miséricorde pour être un si piètre admirateur.