Trois femmes puissantes par francoisemarquez

Un bon livre est, à mon sens, un livre qui laisse des traces. Et là, dès les premières lignes j'ai été séduite par cette qualité d'écriture. Les phrases si bien construites et le mot juste. On en parlait beaucoup alors je me suis dit, oui, pourquoi pas... et il se trouve que c'est un Goncourt. Et c'est mérité.
La première histoire est celle de Norah douloureusement marquée dans son enfance par la sévérité, le non-amour et l'abandon de ce père reparti en Afrique en enlevant son frère. Elle les retrouvera, bien plus tard dans son pays natal en même temps qu'elle fera face à sa souffrance dignement.
La deuxième est celle de l'ambitieuse Fanta qui est empêtrée dans une vie insipide, affublée de ce mari certes aimant, mais incapable de tenir ses promesses de vie élevée et confortable. C'est seulement à travers les méandres de l'esprit de Rudy que l'on découvrira sa volonté et sa force de construction.
La troisième est celle de Khady Demba qui, après le décès de son mari, sera abandonnée par sa belle-famille, conduite sur les chemins de l'exil qui la mèneront vers l'inévitable.
Il est question de souffrance de douleur de sentiments extrêmes générés par cette volonté de vivre. Profond et subtil.
"Et pour la première fois peut-être depuis quelques années qu'il était mort, alors qu'elle courait à demi sur le boulevard, haletante, les orteils recroquevillés au bout de ses tongs pour les garder aux pieds, alors qu'elle sentait sur son front la chaleur encore clémente du ciel bleu, qu'elle entendait crier les choucas dans leur colère d'éternels affamés et qu'elle distinguait en bordure de son champ de vision les points sombres, innombrables, de leurs rondes saccadées, pour la première fois depuis si longtemps qu'il était mort son mari lui manqua, lui, cet homme-là précisément pour ce qu'il avait été."