Prix Goncourt 2009, Trois femmes puissantes est une juxtaposition de trois histoires liées entre elles.

Le principal problème auquel se heurte le roman vient de l'inégalité de traitement entre ces histoires. Ainsi la deuxième, qui se révèle la plus pénible à lire, est aussi la plus longue... et la plus creuse ; les deux autres sont en effet plus brèves mais aussi plus intéressantes et plus directes (pour la troisième notamment). On peut dire que la romancière plombe son œuvre d'elle-même en ayant accordé un développement plus important à l'histoire qui le méritait le moins !
Au-delà de ce déséquilibre fatal, l'écriture est un autre point décevant, d'autant plus qu'un prix littéraire a été décerné à Marie Ndiaye pour ce livre ; de longues phrases à la construction déstabilisante, qui gênent la compréhension, en phrases qui sont laissées en suspens, l'auteur a rédigé un roman franchement pénible à lire par moment. La longueur d'une phrase n'est pas chose négative par essence, mais encore faut-il savoir la réaliser de belle manière comme le faisait très bien Marcel Proust. Ici le procédé rend la rédaction brouillonne, brise la fluidité de façon conséquente et de ce fait égare le lecteur dans des considérations futiles. Quant aux phrases se terminant par des points de suspension, il faut avouer que c'est un procédé détestable, qui tend vers une expression quasi orale, ou en tout cas une expression de la pensée du personnage. Une pensée étant une chose qui ne se termine pas toujours et qui n'est pas tout le temps construite de manière correcte, le résultat obtenu y est conforme à ce qu'est une pensée : un brouillon de réflexion, un alignement de mots au coup par coup et une idée sans réelle fin ni application. L'intérêt d'un tel mode d'écriture est donc difficile à cerner.

Sur le fond on l'a dit la première et surtout la troisième histoire ne sont pas inintéressantes, loin de là, mais n'ont pas bénéficié du traitement qu'elles auraient mérité ; le roman se noie alors dans sa grosse partie (la deuxième histoire) et provoque un ennui fatal qui a apparemment provoqué bien des abandons de la part de nombreux lecteurs.
Ce qui est d'autant plus dommage que le récit concernant Kadhy Demba est le plus rythmé.
La réussite du livre est quand même de nous proposer des personnages très réussis, d'une sensibilité fine et intense, dont la personnalité a été bien retranscrite sur le papier par l'auteur. Cette remarque positive ne concerne d'ailleurs pas que les trois femmes mais aussi tous les personnages secondaires.

Trois femmes puissantes est donc une déception, n'ayons pas peur des mots, à la hauteur des espoirs placés en lui de par les prix qui l'ont récompensé !
Englué dans un style lourd et agaçant, chargé d'une seconde partie ennuyeuse et trop longue, déséquilibré, le roman de Marie Ndiaye se révèle être une œuvre poussive qui ne délivre qu'à de trop rares moments des envolées littéraires.

La forme n'est pas à la hauteur et le fond a de cruelles absences...
ngc111
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le 23 juil. 2011

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ngc111

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