L'homme est un loup pour l'homme...

L'homme est un loup pour l'homme

on le sait, on l'admet ou on s'en fout, mais partant de ce postulat l'auteur de Trois mille chevaux vapeur a crée un personnage inoubliable.
Le sergent Bowman est un monstre, un soldat entraîné à tuer sans états d'âme, le genre d'homme que l'on sait exister mais que l'on préférerait ne jamais rencontrer au détour d'un chemin.
On suit les aventures extra...ordinaires de ce héros improbable ( mais si vrai en même temps) avec beaucoup de retenue au début du roman:
On ne peut aimer ce personnage qui laisse les moribonds passer seuls de l'autre côté sans une once de compassion, sans un seul regard d'accompagnement,capable de tuer des enfants sans un seul frémissement, on sent sans doute aucun que l'empathie ne fait pas partie de son code génétique.
Ce homme horrible va subir une année de torture dans un camps de prisonniers au fin fond de la Birmanie, c'est une loque humaine que nous suivrons donc quelques temps après son retour dans les bas-fonds Londoniens du XIXème siècle...une loque que l'on appellera maintenant "Bowman" tout court, un homme perdu qui devra toucher le fond de tout avant de trouver le moyen de se réveiller, de se révéler au monde des humains.
Parti en Amérique à la poursuite de plus sauvage que lui, "Bowman" s'appellera désormais "Arthur".
Ces changements nominatifs accompagnent chaque paliers vers l'humanisation du personnage. Personnage que l'on finira par aimer au fil de ses aventures,de ses rencontres, de son cheminement, de sa poursuite vers la rédemption dans l'Ouest Américain des années 1850/1860.
L'auteur par son écriture, par sa finesse dans le traitement des sentiments de son "héros", a su faire évoluer progressivement les moments d'éveil à la vie de son monstre.
Des détails comme son attachement à son cheval, aussi mal embouché que lui, la description d'un regard minéral dans les premières lignes du roman qui se révèle bleu à la fin, nous mènent gentiment à un sentiment d'empathie pour le personnage, sentiment d'abord refusé tout au début de la lecture.
Le personnage va lui-même commencer à coucher sur le papier ses tristes pensées, d'abord une liste d'assassins possibles, laborieusement écrite pour arriver enfin à une lettre pleine de sentiments envoyée à une femme: entre les deux plusieurs années d'expériences, de voyages, de rencontres avec d'autres hommes perdus.
Un roman d'aventure formidable que je recommande à tous, Bowman est inoubliable !