Je demandais à ma libraire un conseil de lecture. Elle me recommande ce livre, qui a gagné le prix Marianne , ce qui, selon elle, est rarissime : ce prix est généralement attribué à des livres historiques et plutôt barbant. Elle me dit que cette année, le prix récompense ce livre d'une grande poésie.
Alors bien sûr je me suis lancé. Même si en effet, c'est emprunt d'une certaine poésie, un certain éloge de la nature, de la lenteur, beaucoup de choses qui font du bien... il n'en reste pas moins que je suis resté assez imperméable à son style, consistant à enchaîner beaucoup de petites phrases courtes, parfois sans verbe, souvent sans lien entre elles, rendant la lecture au mieux difficile, au pire pénible. Et parfois, soudainement, un peu de clarté, un peu de cohérence, beaucoup de beauté. C'est dommage car les quelques passages sur les abeilles et l'art de l'apiculture sont vraiment passionants.
Bref, une lecture un peu étrange, un peu too much dans le style, que je qualifierais d'amphigourique. Pour illustrer mon propos, je ne peux résister à recopier ce petit extrait qui selon moi, résume bien le style :
"Notre gibier de potence, notre singe à la démarche gracile, notre mime si agile n'est qu'un vieil homme, une fois déguisé, recouvert de ses habits de protection et d'un masque aux arceaux croisés. Le sel de la terre, celui de la durée, l'immanquable durée des gestes ordinaires, l'entoure de son halo mélodramatique. Sa veste de tous les jours est rapiécée, il en semble éternel. Une odeur de santoline brûlée sort de l'enfumoir. La locomotive une fois abandonnée sur l'établi fait cheminée. Au loin la mer s'endort. "