Il était une fois un primate qui rencontre un porc...

[Spoiler] La Troisième Humanité est le deuxième livre de Werber que j’ai lu, après l’Empire des Anges. Et je reste vraiment sceptique. Tellement de choses pourraient être mentionnées !

Certes, on ne peut pas le nier, Bernard Werber a de l’imagination. Il imagine une première humanité qui, ma foi, ne me déplaît pas. Mais comme à chacune de ces idées il arrive à tout mettre par terre en quelques pages avant de s’acharner dessus à grands coups de talons.
Donner la parole à la Terre : cool
→ en faire une paranoïaque des astéroïdes : nul

Les premiers hommes sont immenses : cool
→ ils inventent des petits hommes qui finissent par se retourner contre eux et finalement l’histoire ne fait que se répéter encore et encore : nul

Microland et les minihumains : cool
→ nous faire croire qu’en deux minutes, montre en main, on peut créer la religion et la justice : nul

S’appuyer sur les actualités : cool
→ Le refaire encore et encore et toujours sous la même forme : nul

De même, il a tendance à tellement tout simplifier que ça en devient complètement ridicule. A commencer par les personnages qui sont à peu près aussi attachants et émotifs qu’une pissaladière. David Wells enterre sa mère, pleure deux-trois larmes et va se coucher. Quelques temps plus tard, elle se fait déterrer par des chiens errants qui chercher vainement quelque chose à manger. Eh bien, le David ça le gène pas plus que ça ! On s’attend presque à ce qu’il jette un fémur au toutou histoire de l’éloigner. Le président Français, parlons-en aussi ! Drouin de son petit nom. Drouin qui passe de partouze à la coke toujours en râlant et en beuglant. La pygmée qui est forcément amie des bêtes, qui croie en la réincarnation et la lesbienne par choix, parce que les hommes tous des salauds. Le pire, il me semble, reste les représentations de certains pays qui sont outrageusement caricaturales. Aurore part en Turquie pour essayer de retrouver les Amazones. Arrivée à l’aéroport elle tombe sur une publicité pour des sucettes avec comme message qu’il faut porter le voile pour éviter, comme les sucettes sans emballage, d’être recouverte de mouches noires ( !). Puis après on lui interdit l’accès à une zone à cause d’attaques terroristes et aussi parce qu’elle est française. Et les Turques aiment pas les français parce qu’ils interdisent aux femmes de porter le voile. Puis des clients se plaignent alors le gérant de l’hôtel vient la voir : il faudrait mettre un foulard sur ses cheveux. Merci Bernard je crois qu’on a bien saisit l’idée. Après l’Iran en prend pour son grade parce que tout méchant qu’ils sont, ils fabriquent des bombes atomiques mais Dieu Merci ! La France va tous nous sauver. Et les pygmées. Les pauvres. Parce qu’il y a les « pygmées civilisés » et les « sauvages ». Bon les premiers, ça va, on les accepte. Mais les seconds non. Faut pas pousser mémé dans les orties ! Ils sont chasseurs-cueilleurs, nomades, vivent dans les bois et n’ont pas de smartphone (si si …). Tous des « semis-débiles ».

Mais, Mais ! Le pire reste quand même l’écriture. Sélection personnelle des passages qui m’ont soulevé le cœur et irrité la rétine :

1) Gaïa cherche un champion pour se protéger des astéroïdes. Elle essaie le poulpe (AH AH AH !), le dauphin, le corbeau, le rat et le singe. Mais ça marche pas alors « pour combler ce sérieux handicap, je commençai à concevoir un projet original : pousser un primate à faire l’amour avec…un porc. » Bon déjà… Le meilleur arrive. « Un jour, grâce à un tremblement de terre, un primate se retrouva coincé dans une fosse avec une femelle phacochère (ancêtre du porc). Ils furent étonnés, ils se battirent et, n’arrivant pas à se tuer, ils finirent par faire l’amour. […] Voilà comment j’ai inventé mon champion : l’humain. » Une question me vient là tout de suite. Qu’est-ce qu’il s’est passé dans la tête de l’auteur pour se dire « tiens je vais faire copuler un porc et un singe et ça fera un homme » ?

2) Werber a l’horrible habitude de penser que remplacer un mot par sa définition donne un style à son écriture. C’est juste insupportable et lourdingue. Exemple « Aurore ramasse le cendrier et le pousse dans sa direction. Puis elle se sert du vin rouge dans un grand verre sphérique et, pendant que l’une aspire des molécules du végétal tabac sous forme gazeuse, l’autre ingurgite des molécules du végétal raisin sous forme liquide. Chacune est apaisée par sa plante de référence. ». Non, NON !, par pitié tout sauf ça. Y-a-t-il eu une relecture ? Trois phases atroces pour raconter… ça ?! Imaginez que je recommence ma critique comme ça : « La Troisième Humanité est le second ouvrage imprimé, relié, comportant un assez grand nombre de pages de Werber avec qui j’ai établi une relation entre les séquences de signes alphabétique d'un texte et les signes linguistiques propres au français, après l’Empire des Anges ». Comme me reprochait ma prof d’espagnol au collège « pourquoi faire simple quand on peut faire compliquer ? ».

3) « -Nous appelons tout de suite notre correspondant auprès du ministère de la Santé. Vous m’entendez George ?
- Oui, Lucienne. […] Des hordes de ménagères inquiètes au visage protégé d’un masque et aux mains recouvertes de gants de plastique utilisés jusque-là pour la vaisselle, prennent d’assaut les supermarchés pour remplir leurs caddies de conserves.
-Mais dîtes-moi, Georges, que fait la police ?
-Pour l’instant elle est débordée.
- Merci, Georges. »
Ta gueule Lucienne. Vraiment est-ce nécessaire de répéter sans cesse les prénoms surtout quand ils sont que deux ? Puis, je passe au-delà des ménagères, je n’ai pas le cœur à m’étendre là-dessus…
Oh pardon, ça reprend plus loin, notre duo de choc :
« - Exactement Lucienne […]
- Vous voulez dire Georges que les virus et les bactéries nous font évoluer ?
* réponse de Georges qui doit se dire que décidément elle est bien un peu teuteu la Lucienne*
- Quels changements a apportés cette pandémie de grippe égyptienne Georges ?
* George reprend la parole*
- Bla,bla, n’est-ce pas Georges ?
- Pas tant que ça Lucienne.
- Comment cela Georges ?
- […] Si vous me permettez Lucienne […]
- Merci Georges ».

Je pense que nous pouvons faire une conclusion à la Werber : Un jour Lucienne et George tous deux surpris par un ensemble des secousses plus ou moins fortes, imprimées à l'écorce terrestre, qui apparaît toujours à une certaine profondeur à partir d'un épicentre, se sont retrouvés coincés dans une fosse. Ils furent étonnés, se battirent et n’arrivant pas à se tuer, ils s’unirent pour la reproduction. Et ainsi naquit une nouvelle humanité entre le gorille et la truie.

THE END.
Chavia
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le 19 déc. 2014

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