Oui les vieux clichés reviennent mais dans l'autre sens.
Là où l'homosexualité a réussit à sortir du no mans land social, que la société toute entière a enfin reconnu et donner les mêmes droits. La théorie queer, gender theory veut faire subir à l'hétérosexualité le même destin que l'homosexualité jadis.
Un livre ouvertement haineux et séparatiste. En plus d'être totalement absurde. A lire pour se prémunir de cette idéologie très éloigné de l'humanisme véhiculé par le féminisme à son origine, et dont d'autres courants continuent à transmettre et appronfondir.
Selon le féminisme radical dont Butler fait partie, loin d'être une donnée de la biologie, le sexe lui-même serait socialement construit. C'est parce que la société hiérarchise les genres qu'elle classifierait les individus en sexes, une classification qui n'aurait donc aucune réalité propre, indépendante de l'esprit humain – et, plus précisément, des valeurs sociales.
Le bon sens, pour peu qu'il n'ait pas abdiqué, se demande alors tout de même ce qu'on est en train d'essayer de lui faire avaler tout rond.
Si vraiment c'est le genre qui crée le sexe, cela veut dire au moins
- que l'abolition des genres entraînera aussi celle des sexes
- que dans le monde animal, les sexes n'existent pas – ceux qui prétendent le contraire sont victimes de l'idéologie sociale.
Mais, demandera-t-on, dans une société humaine sans genres, les individus continueront-ils oui ou non à naître avec des organes tels que des utérus, des pénis, et quelques autres du même ordre ? Et chez les animaux, les deux catégories d'organes reproducteurs existent-elles (depuis fort longtemps) indépendamment de l'existence de l'homme et du regard qu'il peut porter sur elles ?
Il n'y a à ces questions que deux réponses possibles. Soit on pousse la logique de l'absurde jusqu'à son terme en prétendant qu'en effet, les organes sexuels eux-mêmes, et la reproduction sexuée qui va avec, ne sont pas une réalité qui possède une existence indépendante des conceptions que l'humanité peut se faire sur elle.
Je ne sais s'il existe des gens qui ont défendu une position d'un tel idéalisme philosophique.
Soit (et il semble que ce soit la version majoritaire) on concède que les organes sexuels sont une réalité indépendante de la manière dont l'esprit humain se la représente, mais que c'est l'importance qu'on lui accorde pour classer les individus qu'on appelle ici « le sexe » et qui procéderait de l'idéologie de genre.
Mais si dans le premier cas, on est face à une absurdité, dans le second on aboutit à une pure tautologie. Car si dans la phrase « c'est le genre qui crée le sexe », le sexe n'est pas une réalité biologique mais l'importance indue qu'on lui accorde, alors ce sexe-là n'est pas le sexe : il est le genre (ou, à tout le moins, une de ses composantes) !
La formule géniale se résout donc dans l'idée banale selon laquelle c'est la hiérarchie sociale entre les sexes qui explique l'importance qu'on accorde à l'identité sexuelle, autrement dit, dans le langage codé qu'affectionnent certains, dans la plate équation selon laquelle c'est le genre qui crée, si l'on ose dire, le genre.
Quoi qu'il en soit, on ne voit guère ce que le combat féministe a à gagner à défendre de telles formulations qui, loin d'éclairer quoi que ce soit, ne font que semer une confusion... « radicale ».