« Ce livre n'est pas seulement un livre de vulgarisation, c'est aussi un conte sur ce qu'est la recherche fondamentale », me glisse Carlo Rovelli à la fin de notre entrevue. Dommage pour lui, déjà que je trouvais le livre raté pour son aspect scientifique, maintenant je le trouve aussi raté pour son aspect conte.


Bouteilles cosmiques

Lorsqu'un astre suffisamment massif meurt, il explose en supernova et laisse derrière lui un trou noir. Une façon de visualiser le trou noir peut-être de se l'imaginer comme une bouteille : le goulot correspond à l'horizon du trou noir et le corps de la bouteille au trou noir lui-même. Au cours du temps, un trou noir s’évapore. À mesure que le trou noir s’évapore, l’horizon - donc le goulot - rétrécit, et la bouteille s’affine. Arrive alors un moment où la bouteille est si fine que les lois de la mécanique quantique se manifestent. La bouteille - le trou noir - rebondit alors et se met à enfler : le trou noir a laissé place à un trou blanc. Le devenir d'un trou blanc peut-être vu comme l'évolution d'un trou noir dont on passerait le film à l'envers. Sauf que le trou blanc ne « grossira » jamais jusqu'à la taille du trou noir initial, car de l'énergie a été perdue durant le processus. Encore une fois, une image simple permet de s’en rendre compte : prenez une balle et laissez la tomber droit vers le sol, elle rebondit alors et remonte, mais elle ne remontera jamais aussi haut que son point de départ car de l'énergie a été perdue au moment du contact avec le sol. La balle qui tombe est le trou noir, le rebond correspond au passage du trou noir au trou blanc, la balle qui remonte est l'évolution du trou blanc.

Hormis peut-être une explication de ce qu'on entend par l'évaporation du trou noir et une discussion sur le renversement du temps en physique (« passer le film à l’envers »), voilà tout le contenu scientifique du livre... à 19 balles.


Un conte pompeux

Qu'est-ce donc que ce conte dont fait mention l'auteur ? Les atermoiements d'un théoricien qui avance à tâtons avant de trouver la solution à un problème - la vie de la recherche en somme.

Parler de comment fonctionne la recherche, je trouve ça très intéressant, je trouve même que ça manque; les résultats arrivent souvent au grand public sur un plateau d’argent. Difficile de se rendre compte de comment les chercheuses et chercheurs y sont arrivés et surtout de tous les échecs qui entourent cette réussite.

Ça aurait donc pu être intéressant de parler de ça. Mais ce n’est pas le cas. Du moins pas vraiment. Carlo Rovelli rapporte effectivement quelques-unes des réflexions qu’il a eues avant d’aboutir à sa théorie des trous blancs. Mais aucunement il ne transparaît le processus scientifique, si ce n’est qu’il n’a pas trouvé la solution du problème du premier coup, ce dont je pense personne n’a jamais douté. Bref, un conte bien peu utile. Et un bouquin assez pédant tant il est parsemé d’extraits de poèmes qui n’apportent ni douceur ni magie.


Épargnez-vous l’achat de ce livre. Écoutez donc plutôt le podcast Ces troublants trous blancs de feu la Méthode Scientifique où intervient Carlo Rovelli, vous en connaîtrez tout autant qu'à la fin de la lecture du livre, mais ça ne vous prendra qu’une heure de votre temps et aucun sou de votre poche.

FoiDeGentilhomme
3

Créée

le 9 oct. 2023

Critique lue 26 fois

4 j'aime

Critique lue 26 fois

4

Du même critique

Trous blancs
FoiDeGentilhomme
3

Critique de Trous blancs par FoiDeGentilhomme

« Ce livre n'est pas seulement un livre de vulgarisation, c'est aussi un conte sur ce qu'est la recherche fondamentale », me glisse Carlo Rovelli à la fin de notre entrevue. Dommage pour lui, déjà...

le 9 oct. 2023

4 j'aime