Un bref instant d'analyse
Je me suis senti un peu mené en bateau, parfois sans ménagement aucun. Je n'ai pas toujours compris, et j'ai été très souvent ennuyé comme pour les premières pages d'Enfance (1983) de cette même...
Par
le 17 janv. 2025
Ce livre n’est constitué que d’une longue suite de dialogues entre « Je » et « On » Les thèmes portés par Sarraute sont ceux de l’incommunicabilité, l’amour de soi de « Il » et « Elle », le désamour de soi qu’éprouvent les narrateurs qui disent « On ». Je l’ai lu d’une traite et je dois dire que l’exercice auquel s’adonne Nathalie Sarraute est risqué pour s’accorder la possibilité d’avoir des lecteurs nombreux, ou ne serait-ce qu’intéressés et en petit nombre. Comme je le disais c’est un exercice, comme souvent dans le Nouveau Roman, on peut s’imaginer que cette période de la littérature française n’était qu’un exercice. Force est de constater que ce livre (je ne dirais pas roman, ancien ou nouveau) se tient par la puissance des arguments qui sont avancés par les narrateurs. Je déduis, après une première lecture que « l’homme qui s’aime » peut « se haïr » mais ce mouvement de haine sera toujours un mouvement centrifuge et donc un mouvement d’auto-considération, une forme d’amour, car c’est lui-même qu’il regarde… La « femme qui s’aime » s’aime sans y réfléchir et cela lui vient naturellement, comme respirer ou s’observer dans un miroir. Dans L’ère du soupçon au chapitre Conversation et sous-conversation Sarraute rappelait la méthode d’Ivy Compton-Burnett : « Mais ses livres ont ceci d’absolument neuf, c’est qu’ils ne sont qu’une longue suite de dialogues. » Elle a expliqué son goût pour le côté élégant et jamais attendu des dialogues de Compton-Burnett, et leur radicalité au point que les critiques y voyaient l’une des plus grandes romancières que l’Angleterre ait connu. Évidemment, personne n’a entendu parler de Compton-Burnett de nos jours, et le nombre des lecteurs du Nouveau Roman et de Sarraute en particulier se fait de plus en plus mince. Je dois dire cependant que j’ai apprécié cette lecture, je l’ai trouvée enrichissante, pleine d’intelligence dans la concaténation des arguments et la diversité des points de vue des narrateurs. L’impossibilité de communiquer la pitié de « l’homme » pour son père était assez saisissante et bien amenée par un ensemble de points de suspension évoquant l’incommunicabilité (qui égrènent d’ailleurs tout le livre et qui forme un style à mon avis). Je conseille ce livre à toutes les personnes qui veulent réfléchir sur la question de l’auto-considération et de l’innommable. J’ai enfin été rassasié par un livre de Nathalie Sarraute et cela me donne enfin l’impulsion pour lire Enfance qui m’a tellement posé de soucis par le passé.
Créée
le 28 févr. 2025
Critique lue 6 fois
Du même critique
Je me suis senti un peu mené en bateau, parfois sans ménagement aucun. Je n'ai pas toujours compris, et j'ai été très souvent ennuyé comme pour les premières pages d'Enfance (1983) de cette même...
Par
le 17 janv. 2025
Ce livre n’est constitué que d’une longue suite de dialogues entre « Je » et « On » Les thèmes portés par Sarraute sont ceux de l’incommunicabilité, l’amour de soi de « Il » et...
Par
le 28 févr. 2025
Faut-il lire Sartre comme un styliste ma réponse est oui. Sartre avec les mots est très recoupé, retranché dans un style épuré, précis, fin, beaucoup plus abouti que ses pâles copies...
Par
le 12 janv. 2025