Poussières d'étoiles, livre paru en 1951, et sorti en France sous le titre de Tyrann (plus vendeur faut croire, je trouve ça dommage, on avait une unité de titres entre Les courants de l'espace, Poussières d'étoiles et Cailloux dans le ciel), est le deuxième du cycle de l'Empire, et le seul dans lequel on n'entend pas parler de l'Empire. Ce n'est pas pour autant qu'il n'a aucun rapport : prenant place dans la nébuleuse de la tête de cheval, ce roman relate des évènements qui, à terme, conduiront à l'unification de la Galaxie.
Le scénario est sûrement l'un des plus complexes qu'Asimov ait écrit. La nébuleuse est unifiée par la main de fer des Tyrann, et les anciennes familles royales ne sont désormais plus que des vassaux, soumis. Le fils de l'un d'eux, Biron Farrill, est envoyé étudier sur Terre, où il serait plus en sécurité. Mais à la mort de son père il est contacté par la rébellion et commence la quête d'une planète libre, cachée dans la nébuleuse. S'ensuivra un enchaînement de péripéties et de retournements, il faut le dire, très inattendus.
Cette intrigue qui réussit à nous surprendre ne réussit toutefois pas à nous prendre en haleine complètement car beaucoup trop complexe ("Comme j'ai pensé que tu savais que j'allais faire cela en sachant que tu savais ceci, j'ai fait semblant d'ignorer cette chose pour que tu penses que je tombais dans ton piège qui n'en était pas un car nous sommes alliés, et là la troisième faction entre en jeu"... J'ai mal à la tête là...). Elle reste intéressante, hein, et très ingénieuse comme souvent chez Asimov. Les personnages sont pour certains un poil caricaturaux, mais certains nous surprennent par leur profondeur inespérée au détour d'un twist. L'amourette entre Biron et Artémisia, elle, est des plus rafraîchissantes même si un peu caricaturale.
Niveau réflexion asimovienne, si on n'atteint pas le niveau des Robots, on a quand-même quelques points intéressants, notamment sur la probabilité de trouver une planète habitable dans un univers si vide. La façon dont les Tyrann ont conquis la nébuleuse est ouvertement à mettre en parallèle avec les techniques des mongols : des unités mobiles, rapides ont su mettre en déroute des armées beaucoup plus puissantes mais trop massives.
Autre point intéressant du roman, on y voit notre Terre, radioactive... On a là le deuxième d'une longue série d'avertissements de la part d'Asimov concernant le nucléaire (le premier étant présent dans Cailloux dans le ciel).
Le principal de la réflexion est toutefois politique : les Rebelles veulent mettre fin au règne des Tyrann, mais certains avancent qu'ils ne feraient que créer de nouvelles guerres et remplacer une tyrannie par une autre, finalement. Et pour Asimov la réponse à cette question réside dans "l'arme secrète" recherchée activement par les Rebelles. Je veux pas vous spoiler, si vous voulez vous n'avez qu'à lire l'ultime paragraphe du livre, mais je ne vous cache pas que j'ai été très déçu, surtout venant d'Asimov qui mènera des réflexions sur ce sujet beaucoup plus intéressantes et complètes... Solution de la facilité et américanisme primaire selon moi.
Un roman qui reste très intéressant, space opera très immersif, d'autant plus qu'il peut se lire facilement indépendamment des cycles dans lequel il est intégré. Peut-être le meilleur exemple des célèbres twists asimoviens, des personnages bien développés dans un scénario qui rappellerait une pièce de théâtre... Mais une fin qui m'a, personnellement, laissé sur ma faim.