Le malaise existentielle de Dick se projette merveilleusement dans ce livre schizophrène de A à Z.
Bienvenue sur une Terre dystopique, engloutie par un cocktail délétère d'ultra-libéralisme et d'hypertrophie technologique. L'anthropotechnie est ici le prétexte à une longue descente aux enfers, et l'on se plaît à couler avec les différents narrateurs dans l'océan pourpre de la paranoïa, au fur et à mesure que la narration avance, que l'enquête devient survie, et que les héros se muent en marionnettes craintives.
La montée de la peur, coïncide affreusement avec l'arrivée de phénomènes aussi cocasses que retors.
Il n'y a personne sur qui compter.
On plonge dans le cauchemar avec délice : on aime émettre des hypothèses avec Joe Chip, on aime voir les choses se transformer, revenir en arrière -en avant?-, retrouver les français qui annoncent "des brèches dans la ligne Sigfried", lire la publicité pour Ubik qui procure un "sommeil ininterrompu sans torpeur matinale" ; sommeil dans lequel au fond, tous les héros du livre rêvent de se plonger, pour échapper une fois pour toutes, à la hideuse réalité d'Ubik.