De Platon à Winnie l'ourson : ça, c'est de la science fiction!
Dick n'a jamais été connu pour son style flamboyant; Il écrivait ses romans à vitesse grand V sous amphétamines, sans jamais se retourner. Et effectivement, ce n'est pas pour la forme que j'aime Ubik.
Le fond, l'histoire, les concepts mis en place sont si profonds et complexes que la réflexion entamée dans ce livre dure longtemps, longtemps après avoir refermé la dernière page. Car Dick est magistral pour nous faire douter de la réalité, pour nous faire comprendre que ce que nous croyons réel ne l'est peut-être pas. Durant l'entièreté d'Ubik, l’ambiguïté sur la situation des personnages est conservée, jusqu'à la toute fin, où elle monte encore d'un cran! Ah, que de débats j'ai eu sur la fin, sur le vrai sens de ce texte, sur qui est mort et qui ne l'est pas!
Ubik raconte l'histoire de Joe Chip principalement, un réparateur de vaisseau qui travaille pour Glen Runciter, le patron d'une grande entreprise. Et celui ci emploie des mutants anti-psy, c'est à dire des mutants qui peuvent annuler les talents psy d'autres mutants (empêcher la précognition par exemple). Après la mort de Runciter, Joe Chip est celui désigné pour la succession. Mais il commence à se demander si le monde ne devient pas fou voire, s'il n'est pas aux portes de la mort lui aussi, hallucinant.
Pour ceux qui ne connaissent pas bien Dick, sa science fiction prend un grand nombre de liberté avec la science elle-même. Il n'a aucun soucis à parler de Precognition, de talents psy, et ses vaisseaux sont loin d'être des modèles possiblement fonctionnels. Pourtant, dès que l'on accepte ce fait, Ubik se dévore sans aucun mal. Parce que le roman sait être terrifiant ou drôle, parce que chaque nouvelle page promet des surprises imprévisibles. Parce que Dick est foutrement doué pour son but en tant qu'écrivain : nous retournez la tête après la lecture.