Je n'aime pas la Science-Fiction, désolé.
... Enfin, les dystopies c’est plutôt intéressant, mais dès que ça parle de pouvoirs télépathiques, télékinésiques, de voitures volantes ou de voyages interplanétaires, j’ai beau trouver ça rigolo, je ne peux pas prendre une œuvre au sérieux, c’est trop kitch. Et donc ça empêche ma pleine immersion dans l’univers décrit. Ensuite, parce que je ne supporte pas les étalages verbeux pseudo-scientifico-complexes, plutôt inhérents au genre. Enfin, parce que les auteurs de SF, comme de Fantasy d’ailleurs, aiment bien créer un univers original, avec tout un background bien établi, ce qui est plutôt sympathique. Mais la plupart des auteurs se sentent du coup forcés d’expliquer leur univers et ses spécificités, quand bien même ça ne sert pas du tout l’intrigue. Créer un univers intéressant, c’est bien, l’exploiter intelligemment pour faire une belle histoire, c’est mieux.
Voilà, et donc j’en viens à Ubik, qui malgré ses qualités, correspond parfaitement au modèle que je viens d’énoncer.
Déjà, Philippe K. Dick (que j’appellerai Philippe, parce que K ou Dick, c’est pas super) ne se gêne jamais pour verser dans l’incompréhensible, du genre (p.71 de l’édition poche) : « Quelle sera l’étendue du contre-champ polyencéphalique qu’ils émettront une fois réunis ? Posez-vous la question, elle est capitale. »
(Ça a beau être capital, je n’ai rien compris)
Dans ce genre de cas, je me demande toujours si mes connaissances scientifiques sont trop faibles ou si l’auteur voulait juste placer des mots compliqués pour donner de la crédibilité à son univers futuriste. Ca doit être ça, mais du coup l’intrigue n’a parfois aucun sens puisque justement les explications données par les personnages sont souvent mystico-complexes. [SPOILER] L’explication de l’Ubik, d’où ça vient, pourquoi, comment, est d’ailleurs un modèle du genre « un ionisateur négatif portatif, muni d’une unité organique à haut voltage et bas ampères qu’actionne une batterie à hélium (…) ». Le tout sur une page complète. Non sérieusement, ça donne de la profondeur à l’univers ce charabia ? [/SPOILER]
Ensuite l’univers, eh bien il est doté de caractéristiques intéressantes, comme cette société hyper-capitaliste où même la porte d’entrée ou le frigo te réclament de la monnaie pour s’ouvrir ou ce concept de semi-vie, qui montre que dans le futur, les hommes n’auront jamais cessé leur quête de l’immortalité. Le problème, c’est qu’après cent pages de mise en contexte, de création du background, Philippe laisse tout tomber et n’exploite plus du tout l’univers qu’il a crée, pour passer à un récit qui tient plus du thriller. Et là est le deuxième gros problème d’Ubik, c’est que c’est un roman qui montre plein d’éléments intéressants, mais ne les développe jamais.
Pire, en tant que thriller, Ubik ne donne finalement presque aucune réponse cohérente à tous les mystères qui s’abattent sur les héros, et on referme le livre avec plus de questions et d’interrogations que de réponses. C’est peut-être un choix délibéré, mais j’ai trouvé que ça donnait surtout l’impression d’un récit négligé, et pas assez maîtrisé. [SPOILER] Le grand méchant semble par exemple sorti de nulle part, on ne sait pas trop pourquoi il fait tout ça, pourquoi Ubik permet de s’en protéger ou même pourquoi Runciter a été épargné par ce sort. A l’inverse, le personnage de Pat est énormément mis en avant dès le début, pour n’avoir finalement aucune utilité dans tout le récit malgré son pouvoir intéressant.[/SPOILER] Bref, Ubik m’a déçu parce qu’il expose plein de personnages intéressants, et de concepts qui le sont tout autant, mais qu’il les exploite vraiment mal.
Par contre, s’il y a bien une qualité qu’on ne peut enlever à ce roman, c’est qu’il est énigmatique, truffé de mystères et distille très bien son suspense et ses fausses pistes. Donc en soi, c’est un thriller assez efficace, qui déçoit juste à la fin par son manque de réponses et sa fin précipitée. Mais du coup, bien que cette critique semble principalement négative, j’ai été relativement happé et intrigué par Ubik tout au long de ma lecture, parce que j’espérais une explication à tout ça, parce que les pérégrinations de Joe Chip sont originales et que cette sensation de ne rien comprendre, d’être manipulé par quelque chose de plus fort et puissant, était particulièrement bien rendue. Avoir des bonnes idées c’est bien, les exploiter dans le cadre d’une intrigue solide et cohérente, c’est mieux.